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Entretien avec l’acteur et réalisateur Abdelkébir Rgagna: «L’éducation artistique doit faire partie intégrante du système éducatif»

© D.R

En marge de la présentation de la pièce de théâtre Al Babaouane au centre culturel à Beni Mellal, Abdelkébir Rgagna nous fait part de ses réflexions sur le théâtre, son parcours artistique et la dimension sociale de l’art dramatique.

ALM : Qui est Abdelkébir Rgagna ?
Abdelkébir Rgagna : Je suis un artiste œuvrant dans le domaine du théâtre, de la télévision, au cinéma et à la SNRT. Natif de Salé en 1963, j’ai commencé à faire du théâtre dès mon jeune âge. J’ai également un engagement social et j’occupe actuellement le poste de président de la Mutuelle nationale des artistes. J’espère être à la hauteur de cette responsabilité.
J’ai fait mes premiers pas dans le domaine artistique à l’âge de 13 ans, en montant sur scène pour la première fois dans une pièce intitulée Mirage et Vérité mettant en scène des enfants marginalisés.
À la fin de cette pièce, mon père, que Dieu ait son âme, m’a giflé en me disant : «Je n’accepte pas que tu fasses du théâtre». Vingt ans plus tard et après avoir acquis de l’expérience dans le domaine dramatique, j’ai compris qu’il m’avait frappé non pas par rejet mais par émotion, j’avais joué le rôle du marginal avec une telle sincérité que mon père en avait été bouleversé. À l’issue de mon parcours académique, j’ai intégré le centre culturel théâtral du Théâtre national Mohammed V, où j’ai eu l’honneur de côtoyer des figures emblématiques telles que Rachid El Ouali et Mouna Fettou. Par la suite, j’ai collaboré durant plusieurs années avec des artistes de renom, notamment Jamaleddine Dkhissi, Abass Ibrahim, Abdelouhad Ouzri, Abdessamad Dinia et Taïb Seddiki…

Quelle est la situation actuelle du théâtre aujourd’hui ?
Aujourd’hui, grâce à Dieu, la situation s’est beaucoup améliorée. Le Royaume dispose d’infrastructures culturelles modernes, de grandes salles équipées aux standards internationaux. Nous avons également de magnifiques théâtres, comme le Théâtre national Mohammed V à Rabat, le Grand Théâtre de Casablanca, le Palais de la culture et des arts d’Oujda, et bien d’autres dans les différentes régions du pays.
Sur le plan légal, nous avons une loi dédiée aux artistes et aux métiers artistiques : la loi 68/16. J’espère qu’elle sera accompagnée de textes d’application concrets pour que les artistes puissent en bénéficier pleinement.

Préférez-vous le théâtre, le cinéma ou la télévision ?
Chaque domaine artistique a sa spécificité. Mais le théâtre a un caractère unique : il est vivant, immédiat, toujours face au public. Il représente l’école même de la pratique artistique. Le théâtre exige une formation continue, une remise en question permanente, car l’artiste y est en contact direct avec les spectateurs.

Quel est le secret de votre réussite dans le domaine artistique ?
Quant à la clé de mon succès dans le domaine artistique, elle réside dans le travail, la sincérité dans l’interprétation, l’amour du public et le respect de ce dernier. Le public est notre invité au théâtre. Sans ces valeurs, personne ne vous respecte, ni ne valorise votre travail. Il faut être authentique, fidèle à soi-même et respecter son public.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le théâtre ?
Après plus de quatre décennies d’expérience dans ce domaine, je recommande aux jeunes d’approcher le théâtre avec sérieux. En outre, il faudrait intégrer l’enseignement du théâtre dans les programmes scolaires. L’éducation artistique doit faire partie intégrante du système éducatif. Mais il ne faut pas oublier qu’avant toute pratique, il est primordial de former la personnalité de l’acteur. Le théâtre façonne l’individu en lui apprenant à bien s’exprimer, à dialoguer, à accepter l’autre, à vivre en paix et à respecter les différences. C’est un outil de formation humaine et citoyenne. C’est pourquoi je propose l’intégration du théâtre dans les programmes éducatifs, sous forme d’ateliers destinés aux enfants et aux jeunes. C’est là le véritable investissement culturel.

Parlez-nous de la pièce de théâtre Al Babaouane que vous présentez aujourd’hui au Centre culturel à Beni Mellal…
La pièce que nous présentons aujourd’hui et qui relève de la stratégie du théâtre Al Hal s’adresse aux enfants. Elle met en scène deux personnages : Baba Achour avec sa symbolique culturelle, religieuse et humaniste et le Père Noël, représentant lui aussi des valeurs culturelles, religieuses et humanistes. A noter que cette pièce de théâtre est présentée à l’occasion de la journée nationale du théâtre, avec le soutien du ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication et en partenariat avec le Théâtre Mohammed V en collaboration avec la direction régionale de la culture, région de Beni Mellal-Khénifra.
Cette pièce transmet aux enfants des valeurs essentielles comme la tolérance et la coexistence pacifique. L’objectif est de leur inculquer, dès le plus jeune âge, le rejet de la violence, le respect des autres, et la capacité à vivre ensemble dans la paix et la solidarité. Ainsi, les pièces de théâtre qui sont destinées aux enfants doivent être ciblées car je considère que l’enfance est la meilleure porte d’entrée pour transmettre des messages nobles.

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