Mohamed Ejlaydy, âgé de 14 ans, a été le plus jeune cavalier en herbe ayant participé à la Tbourida au Festival des olives à Ait Tagla province d’Azilal. Il nous livre le secret de sa réussite et les conseils qu’il donne à ses pairs.
ALM : Qui est Mohamed Ejlaydy ?
Mohamed Ejlaydy : J’ai 14 ans et je poursuis mes études en deuxième année du collège. Ma passion est la Tbourida que je pratique depuis la fin de 2024. Et c’est mon père, qui la pratiquait depuis des années, qui me dispense une formation de qualité pour que j’excelle dans cette discipline qui est pour moi la clé de mon bonheur. Je ne néglige pas pour autant mes études.
Comment peux-tu définir la Tbourida ou la Fantasia ?
C’est un domaine immatériel qui est la source de ma joie. Le mot tbourida vient de Baroude qui est la poudre noire. C’est une tradition équestre marocaine qui se pratique en groupe selon un rituel mêlant coordination, symbolisme et discipline. C’est aussi un spectacle qui attire un grand nombre de visiteurs et touristes, surtout à la campagne, pendant les festivals qui sont organisés au Maroc. Ainsi, c’est une fierté pour moi et ma famille que je sois le plus jeune participant à la Tbourida pendant le festival des olives qui a été organisé à Ait Tagla. Monter à cheval au milieu des sorbas (troupe de cavaliers, ndlr) exige beaucoup de formation et une grande volonté. Il faut donc être capable de monter à cheval qui est richement harnaché, être vêtu d’un costume traditionnel : djellaba blanche, babouches, tarbouche, fusil… Le cheval est orné d’une selle brodée et le cavalier porte aussi un fusil (mokahla) pour tirer à blanc. Mon père me dit souvent au sujet de la Tbourida que dans la poussière dorée des champs, les cavaliers écrivent la fierté d’un peuple.
Quel est le secret de ton excellente participation malgré ton très jeune âge?
C’est grâce à mon père que je réalise d’énormes des progrès dans le domaine de la Tbourida. Il m’append toujours que la fantasia n’est pas une simple course mais une démonstration d’adresse, de discipline et de maîtrise du cheval et du fusil. En plus, une tbourida réussie dépend de la coordination parfaite des cavaliers de la sorba, du respect rituel et de la qualité de la charge et du tir. Ainsi, c’est la dimension philosophique et symbolique qui fait de la Fantasia un art équestre de qualité, un patrimoine culturel et notre identité. La Tbourida qui est ma vraie passion est le symbole de la bravoure de nos grands-pères et de nos ancêtres. Rappelons aussi que mon père me dispense souvent des proverbes et des citations en arabe ou en amazigh sur la Tbourida pour que je comprenne son vrai sens et son symbolisme en me disant par exemple que la Tbourida n’est pas une guerre, c’est une mémoire en mouvement ou sous le galop du cheval, c’est l’histoire du Maroc qui résonne où le fusil crie, le cheval danse et le cavalier honore ses ancêtres, où chaque tir est un hommage, chaque charge un serment d’honneur…
Quels sont les conseils que tu peux donner aux jeunes cavaliers en herbe ?
Il faut que ces jeunes comprennent d’abord que la Tbourida est un échiquier bondé d’honneur, de sagesse, de fierté, de coordination, de discipline et de courage. Mon père me dit souvent aussi que le cheval n’oublie jamais son cavalier, c’est- à-dire que le cheval symbolise la fierté, la mémoire et la fidélité à son maître. En plus, mon père m’apprend qu’une poudre sans discipline fait plus de mal que du bien. Ainsi, le domaine de la Tbourida est une sorte de philosophie de la vie qui nous ouvre de nouveaux horizons pleins d’espoir, d’optimisme et de bonheur. Les jeunes qui voudraient monter à cheval sont tenus d’écouter attentivement les conseils de leurs maîtres, de participer à des formations et à des entraînements… pour aller de l’avant. «Qui apprend à monter à cheval, apprend à tomber puis à se relever», dit un proverbe populaire.