Culture

Entretien avec Ouday Saaid, président de l’Association des jeunes de Moudj pour le développement social et le patrimoine amazigh : «Nous avons besoin de soutien pour que notre patrimoine artistique se perpétue»

© D.R

Ahidous des Ait Said Ouali est l’un des spectacles qui connaît un grand rayonnement. Dans cet entretien, Ouday Saaid nous dessine un tableau artistique unique en son genre où la résilience des spectacles traditionnels d’Ahidous nous livre les grands secrets d’un patrimoine culturel enraciné dans les temps passés.

ALM : Au Maroc, chaque région se caractérise par son propre Ahidous. Quel genre pratiquez-vous ?
Ouday Saaid : Effectivement, il y a autant de types d’Ahidous que de régions. Le nôtre est Ahidous de Ait Said Ouali qui se caractérise par une danse en cercle où hommes et femmes, vêtus de leurs habits traditionnels, chantent à l’unisson des poèmes en tamazight, souvent improvisés. Les paroles traitent de divers thèmes: l’amour, la bravoure, la nature, la solidarité, la résistance ou encore la vie rurale. Le tout est accompagné par un rythme percussif joué sur des bendirs (tambours sur cadre), donnant à l’ensemble une cadence hypnotique et entraînante. L’Ahidous est une forme d’art traditionnel profondément enracinée dans la culture amazighe du Maroc, en particulier dans les régions montagneuses du Moyen et du Haut Atlas, telles que Beni Mellal, Khénifra, Azilal, Errachidia ou encore Tinghir. Véritable pilier du patrimoine immatériel national, cet art collectif allie musique, poésie et danse, reflétant l’âme et les valeurs des communautés amazighes.

Quels sont les problèmes qui entravent le rayonnement de votre patrimoine culturel ?
Nous voudrions bien que le ministère de tutelle et tous les acteurs concernés nous soutiennent pour que notre patrimoine soit pérenne. Ahidous est une composante essentielle de notre identité et nous sommes tenus de la protéger et de participer à son rayonnement sur le plan national et international. Ahidous a été sur le point de s’éclipser. C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’Association des jeunes Moudj pour le développement social et le patrimoine amazigh en 2010 afin d’insuffler une nouvelle dynamique à ce spectacle amazigh qui se meurt.

Comment arrivez-vous à perpétuer les spécificités de votre art traditionnel ?
Malgré l’intrusion de la modernité dans nos arts traditionnels pour ne citer que les instruments de musique, les paroles des chansons, les danses… on s’efforce de conserver notre patrimoine artistique au niveau de l’aspect vestimentaire, les danses folkloriques, les sujets traités… On porte des djellabas blanches, des babouches… et les femmes leurs habits traditionnels. Concernant les paroles de notre Ahidous on met l’accent, en général, sur notre passé artistique traditionnel qui est pour nous la source intarissable et le pilier de notre danse traditionnelle.

Avez-vous participé à des festivals ?
Un festival est une porte ouverte sur un autre monde bondé de présentations artistiques. Ainsi, notre mobilité nous permet de découvrir d’autres horizons riches qui nous permettent d’innover tout en conservant l’héritage artistique hérité de nos ancêtres. Car ce qui compte dans Ahidous, ce n’est ni la danse ou les chansons, c’est sa dimension culturelle, artistique et philosophique. En outre, les paroles de nos chansons sont symboliques, c’est un ensemble de sagesse qui s’assigne pour objectif d’informer, de conseiller, d’orienter… le commun des mortels amazighs. On sensibilise les gens, on magnifie les bonnes qualités, le respect de la nature, l’amour, le mariage… à la manière de «Ichidans» (genre de poètes amazighs). L’Ahidous est bien plus qu’une performance artistique, il est un véhicule de transmission orale, un moyen de préserver la langue et les savoir-faire amazighs. Il joue également un rôle social fondamental: il est pratiqué lors des fêtes collectives, des mariages, des moussems et autres rassemblements, renforçant ainsi les liens communautaires et l’identité culturelle locale.

Related Articles

ActualitéCultureUne

Jazzablanca : Trois soirées vibrantes pour une clôture en apothéose

Avec une programmation de haut vol du jeudi 10 au samedi 12...

Culture

Audience TV: Plus de 7 millions de téléspectateurs pour la série «Ala Ghafla»

Selon une étude d’audience publiée par le Centre interprofessionnel d’audience de média...

Culture

Il revient avec une vision internationale / Marrakech Short Film Festival 2025 : Une 5ème édition plus ambitieuse

La 5ème édition du Marrakech Short Film Festival aura lieu du 26...

Culture

Jazzablanca: Une fusion musicale inédite enchante les soirées Casablancaises

L’édition 2025 du Jazzablanca prouve le rôle de la musique en tant...