Les invités du festival feront une apparition inattendue. Ils viendront de l’Océan, à bord de petites embarcations. La ville d’Essaouira les accueillira avec des feux d’artifice. Cette mise en scène spectaculaire, prévue à l’occasion de l’ouverture du premier Festival international des Andalousies atlantiques, souligne la géographie large de l’événement. Il est océanique et non pas méditerranéen. Il s’intéresse non seulement au Maghreb et au sud de la péninsule ibérique, mais comprend également les pays d’Amérique latine. L’idée de l’influence de la culture andalouse sur les pays d’Amérique du Sud est chère à la directrice du festival, Oumama Aouad. Elle explique que cette culture a été portée par les conquistadors espagnols et portugais. Elle ajoute que parmi ces derniers, majoritairement originaires du sud de la Péninsule, il y avait de nombreux morisques. Ils ont introduit les marques de la civilisation arabo-andalouse en Amérique latine. La présence de cet héritage est visible dans de nombreuses formes. Tout particulièrement dans l’architecture et le zellige. Un colloque intitulé « la dimension atlantique de l’héritage andalou » nous en apprendra plus sur ce sujet. Ainsi qu’une exposition de photographies intitulée «La route du Mudéjar : l’art hispano-musulman, de la Méditerranée à l’Atlantique». L’initiatrice de cette manifestation est une universitaire. Elle connaît bien son sujet, puisqu’elle est à l’origine d’une unité de formation et de recherches, (UFR), consacrée à l’héritage andalou à l’université Mohammed V de Rabat. Tout en elle atteste le prof. Elle ne tolère pas la moindre petite faute d’orthographe. Lorsqu’on l’interroge sur les personnalités qui viendront au festival, elle cite Manuel Chavés, président du gouvernement autonome d’Andalousie. Avant de préciser « Chavés s’écrit avec un ‘s’ et non pas un ‘z’ et prend un accent sur le ‘e’ ». « Accent grave ou aigu ? » « Il n’existe pas d’accent grave dans la langue espagnole ! », répond-elle avec une indulgence amusée. Cela étant, il ne faudrait pas croire que le Festival international des Andalousies atlantiques repose seulement sur de sérieux débats, visant à dénombrer les trace de l’héritage andalou dans le monde. De nombreux concerts sont prévus. Le public pourra apprécier la cantatrice Françoise Atlan en compagnie de maître Briouel. La célèbre formation de flamenco, Ketama, est également attendue. Un concert de musique et danse flamenco, dans la pure tradition du genre, sera donné par Curro Albaycin et Marina Heredia. Un autre permettra de se rendre compte de l’évolution du flamenco avec Kiko Veneno. Du Mexique, l’invité d’honneur, viendront également de nombreux musiciens. Le choix des artistes hispaniques a été assuré par Atico 7, une entreprise espagnole. Doté d’un budget global de 3 millions de DH, le Festival international des Andalousies atlantiques est organisé par la Fondation Alizés, l’Association Essaouira-Mogador en partenariat avec le gouvernement autonome andalou. Oumama Aouad insiste sur le terme partenariat. Tout est pris en charge, à part égale, entre Marocains et Espagnols. Y compris le budget. Quant à la ville qui accueille le festival, Oumama Aouad n’éprouve aucun mal à dire qu’ « Essaouira est plus andalouse que Fès ». Et pour preuve, la cité des Alizés perpétue l’esprit d’Al Andalous, à la fois par la coexistence de religions différentes et la rencontre de nombreuses ethnies. Le modèle d’Essaouira, qui constitue un cinglant revers aux tentatives visant à ébranler l’une des composantes de société marocaine, doit être encouragé et soutenu. Chaque manifestation artistique dans cette ville est une apologie des valeurs du dialogue et du partage.