Culture

Exposition de Hassan Bourkia : après l’eau, l’air et la terre, le feu

© D.R

Hassan Bourkia expose ses œuvres à la galerie Venise Cadre à partir d’aujourd’hui  jusqu’au 26 mars. Après des expositions ayant pour thème tour à tour la terre, l’air, et l’eau, voilà que l’artiste dans cette exposition boucle la boucle des quatre éléments de la nature, avec le feu.
Cet élément vieux dans le temps, libérateur, purificateur, destructeur a laissé sa ride dans le travail de Hassan Bourkia, son legs, son langage dans la sensibilité, et l’imaginaire de l’artiste. La cendre, le charbon, le zinc, les clous, la chaux, la pierre d’alun sont entre autres les matériaux qu’il utilise dans ses œuvres. «Des matériaux nobles qui ont une mémoire, des choses calcinées qui souffrent avec amour et qui étaient vouées à un destin inconnu», selon l’artiste. Ils ont été rassemblés dans un souk à Beni Mellal ravagé par un incendie et dont ils représentent la brèche éveillant l’étincelle du passé et de l’itinéraire personnel de l’artiste. «Je garde plein de merveilleux souvenirs de ce souk, des souvenirs de mon enfance, notamment la halka…», a confié ce natif de Beni Mellal. Ces objets anonymes, marques de toute une ère ont pris un nouveau destin dans l’œuvre de l’artiste indiquant la voie vers un cinquième élément, la lumière. «Ces objets me font penser à une communauté sans langage et sans histoire, ce sont des objets qui nous donnent beaucoup de leçons». La lumière, le gris de la cendre. Le gris, cette non-couleur, mélange du blanc et du noir. La cendre, cette matière sacrée dans diverses civilisations, selon leurs rites, leur histoire, leur gloire, leurs guerres et leur deuil.
Et l’écrit marque également son ton, son temps dans l’œuvre de Hassan Bourkia, qui outre l’art plastique est également traducteur de plusieurs philosophes et écrivains avec lesquels il partage une affinité, notamment des ouvrages de Nietzsche, Walter Benjamin, Dufour El Maleh ou encore entre autres Edmond Amran El Maleh ami intime De Bourkia. Comme si les quatre éléments multipliés au temps de la création, les sept jours de la semaine font naître les 28 lettres de l’alphabet arabe. On entre-lit dans les toiles de cette exposition de Hassan Bourkia, la poésie de Badr Chakir Assayab, Mahmoud Darwich ou encore de José Angel Valente, des gens qui ont tous éprouvé le feu de la guerre, et avec lesquels Hassan partage son expérience personnelle, celle d’un individu qui a perdu, retrouvé, altéré une part de lui au cours de son chemin. Des expériences personnelles qui reflètent ainsi celles de l’humanité toute entière. Concluons avec les mots d’Edmond Amran El Maleh extraits de la préface du catalogue de cette exposition : «La lettre, l’alphabet inédit de la rouille sculptée, travaillée par la recherche, par la seule vision d’un désir perdu. Depuis qu’il s’est mis à marcher, il sillonne des terres brûlées, éclatées comme une irruption volcanique, une pluie de retombées épaisses coulées de larve, constance de la rouille aussi riche qu’un récit intriqué dans la respiration de la matière. Coalescences d’un feu éteint, charbonneux».

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