Elle réunit 48 images de Mounir Fatmi et Guillaume de Sardes
Le Musée la Kasbah des cultures méditerranéennes à Tanger accueille l’exposition «Tangier, something is possible», des artistes Mounir Fatmi et Guillaume de Sardes. Ouverte jusqu’au 18 septembre 2022, cette exposition est organisée par la Fondation nationale des musées (FNM). Elle présente deux regards croisés sur la ville du détroit. «Mounir Fatmi et Guillaume de Sardes livrent une exposition chorale où les regards se croisent pour offrir au public un voyage à travers 48 images où la temporalité est confuse mais où les souvenirs restent intacts. L’approche est sensible et nostalgique, pour tenter de restituer, au plus près, l’ambiance d’un Tanger en perpétuelle mutation et à la croisée de deux continents», indique la Fondation nationale des musées.
«Presque rien» de Mounir Fatmi
La sélection de photographies «Presque rien» est inspirée du poème de l’écrivain américain Paul Bowles que Mounir Fatmi a rencontré à Tanger au début des années 90. «L’artiste découvre alors les derniers moments du mouvement artistique de la beat génération. Il se prend d’intérêt pour les recherches et les écrits de William Burroughs, Brion Gysin, Mohamed Choukri, Mohamed Mrabet et bien sûr Jean Genet», expliquent les initiateurs. Dans ce sens, «Presque rien» sont des mots qui pourraient résumer à eux seuls l’idée de la photographie chez Mounir Fatmi. Saisir des instants fugitifs dans la rue ou dans le chaos de Casabarata, le marché aux puces de Tanger, dans lequel il a passé une grande partie de son enfance à vendre des vêtements avec sa mère et à jouer entre les différents objets échoués çà et là depuis l’Europe. Fourmillant de détails, les photographies de cette série restituent l’ambiance d’une ville en perpétuelle mutation où les corps se fondent littéralement dans le décor.
«Se remémorer Tanger» par Guillaume de Sardes
L’écrivain-photographe Guillaume de Sardes met, lui, ses pas dans ceux du poète et romancier Jean Genet à travers une série de photographies intitulée «Se remémorer Tanger». Cette série clôt un triptyque constitué par ailleurs d’un essai (Genet à Tanger, Hermann, 2018) et d’un court-métrage (Genet à Tanger, Mood Films Production, 2019) que Guillaume de Sardes a consacré aux années tangéroises de Jean Genet. «Les vingt-et-un tirages annotés sont une errance entre le passé et le présent, la réalité et la fiction, la quête de soi et la quête de l’autre, la photographie et la littérature», expliquent les organisateurs. En mêlant image et texte, Guillaume de Sardes s’interroge aussi sur les rapports entre photographie et littérature : «Les images fixent mes souvenirs, l’écriture les précise. Pour moi, la photographie est avant tout le moyen de retenir un instant et la littérature celui de lui donner un sens». Ce faisant, il inscrit son travail dans la droite ligne de celui d’un autre voyageur qui s’est attardé à Tanger, il y a plus de soixante ans : le poète et photographe Allen Ginsberg.
Par ailleurs «Tangier, something is possible» est également l’intitulé du livre de Guillaume de Sardes et Mounir Fatmi, paru chez Kahl éditions en 2022. Celui-ci est composé de trois chapitres, dont le premier est de Mounir Fatmi qui apporte son regard interne sur la ville de Tanger avec des photos personnelles, et le deuxième de Guillaume de Sardes où il présente son regard nostalgique sur la ville avec des images annotées, tandis que le troisième porte sur une conversation entre les deux artistes.