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«Fath Al Andalous», une aubaine pour faire des recherches sur l’histoire du Maroc ?

© D.R

Le récit de Tarik Ibn Zyad est initialement écrit par les Arabes

Diffusé depuis le début du mois de Ramadan sur Al Aoula et d’autres chaînes arabes, le feuilleton «Fath Al Andalous» (La conquête de l’Andalousie) suscite une polémique auprès de critiques et téléspectateurs marocains. Cependant, les chercheurs dans notre pays en donnent une autre analyse. Entre autres, Aboulkacem Chebri estime que cette œuvre est «pionnière puisqu’il s’agit d’une production arabe et non européenne comme cela a été le cas depuis le début du XXème siècle».

Tarik, ce prénom inspiré du Coran

Pour ce chercheur, il aurait été judicieux de «faire allusion, de manière artistique et passagère aux origines amazighes de Tarik Ibn Zyad». Tel que le précise M. Chebri, ce personnage n’était ni appelé Tarik ni fils de Zyad. «Etant donné que l’histoire de la conquête de l’Andalousie est écrite par des historiens arabes, ils l’ont prénommé Tarik en s’inspirant du verset coranique portant la même appellation», explicite le chercheur, également auteur. Quant au dialecte, cet analyste pense qu’il n’y avait aucun mal à «prononcer quelques mots en amazigh par certains personnages de ce feuilleton». Le tout en rappelant des différences, normalement, entre l’amazigh du huitième siècle et celui d’aujourd’hui, ainsi que son parler au Rif, dans l’Atlas et au Souss voire chez les Kabyles entre autres. «L’Ircam est là pour de telles affaires scientifiques», ajoute M. Chebri qui rappelle également la disponibilité de grands moyens en œuvres artistiques.
A propos de l’aspect vestimentaire, ce chercheur estime qu’il s’agit d’un «effort». «Qui pourrait nous montrer une illustration des habitants de la péninsule arabe, du pays du Levant et du Nord de l’Afrique dans le huitième siècle ?!», s’interroge-t-il en mettant l’accent sur l’effort d’artistes, d’artistes-peintres, de scénographes, de réalisateurs et d’auteurs de par le monde. A son sens, certains peuples ont immortalisé leurs anciennes ères par des toiles qui demeurent cependant des œuvres approximatives.

Comparaison avec un autre feuilleton marocain

Par la même occasion, il évoque d’autres productions historiques marocaines. C’est le cas du feuilleton «Al Maoula Idriss» qui a, tel qu’il le rappelle, fait l’objet de vives critiques pour ne pas avoir été réussi. «Même la production dédiée, par une chaîne française, au Sultan Moulay Ismail, en collaboration avec des Marocains, n’était pas réussie», illustre le même analyste qui avance que la télévision marocaine n’a nullement besoin d’arrêter la diffusion de «Fath Al Andalous» après l’avoir acquis avec un budget énorme puisé chez les contribuables. Et ce n’est pas tout ! Il trouve que l’allusion aux Amazighs est «un prétexte nul». «Nous devons reconnaître que nos ancêtres amazighs étaient subalternes sans gouverner et même quand Moulay Idriss Ibn Abdellah est arrivé au Maroc en fuyant l’Orient, il a reçu l’allégeance des Marocains amazighs», lance le chercheur. Dans ce sens, il se pose des questions. «En tant que Marocains, qu’est-ce que nos ancêtres amazighs ont écrit sur la conquête de l’Andalousie ou autre ? Pourquoi nos écoles et universités ne présentent ou révèlent-elles rien à ce propos? Pourquoi nos historiens marocains n’ont-ils pas été associés à l’écriture du scénario de cette œuvre ? Ce feuilleton ne serait-il pas un porte-bonheur pour financer des productions marocaines sur l’éminente histoire du Maroc?», s’interroge-t-il. Une analyse appréciée par d’autres critiques comme Khalid El Khodari qui, à son tour, met plutôt l’accent sur le financement également évoqué par M. Chebri en se proposant d’écrire deux projets.

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