Culture

Fatna Gbouri, la mémoire picturale de Safi

© D.R

Tisseuse de tapis de profession, l’artiste-peintre Fatna Gbouri a gardé dans son art pictural les traits caractéristiques de son premier métier : précision, passion pour les couleurs et présence de scènes narratives. Née en 1924 à Safi, Fatna Gbouri se lance dans la peinture en 1984 encouragée par son fils. Dans ses toiles, elle déploie une peinture narrative qui procède par scènes qui se révèlent aujourd’hui comme autant de témoignages sur la vie authentique et les coutumes aujourd’hui condamnées à disparaître des habitants de Safi et du Maroc en général. Appartenant à l’école de la peinture naïve, Gbouri qui vit et travaille à Safi a un style pictural figuratif qui se caractérise notamment par la minutie apportée aux détails, l’emploi de couleurs, et une représentation «ingénue» et figurative de sujets populaires : paysages campagnards, costumes folkloriques, animaux domestiques ou sauvages, scènes de la vie quotidienne…
Par ailleurs, évoquant ses sujets de prédilection, c’est le bonheur mêlé à la mélancolie de la nostalgie qui se dégage de ses paroles. «Je peins des cérémonies de mariage, comme le jeune marié en train de se préparer pour ses noces… », declare-t-elle.
Par ailleurs outre la thématique de la joie, la femme est dans les toiles de Fatna comme un thème récurrent et emblématique notamment à travers ses œuvres figuratives représentant des scènes quotidiennes ou d’autres plus abstraites représentant des yeux féminins aux couleurs envoûtantes et qui souvent scrutent le visiteur.   
Bien que Fatna Gbouri, cette artiste pudique et silencieuse préfère s’exprimer par le biais de la peinture, elle n’éprouve aucune retenue pour comparer ses œuvres à ses propres enfants : «quand je finis un de mes tableaux, je suis tellement heureuse comme si j’avais mis au monde un enfant», souligne-t-elle.
Ses œuvres (la couturière, scènes de la campagne, préparation de la mariée…) sont dotées d’une valeur chromatique captivante. Elles ne sont pas le fruit d’un hasard mais le résultat d’un long contact et d’une grande passion pour les couleurs, les formes et la lumière. Fatna a pu forger un style non convenu, en mettant en scène des  séquences narratives peuplées de personnages hauts en couleur. «Cette artiste oniriste peint dans le sillage des artistes oniristes guidés par l’intuition et l’œil du cœur. Ses couleurs fraîches et éclatantes interpellent nos réminiscences et nos intuitions. Elle enchante à sa manière si captivante et expressive les racines et les sources inépuisables du Maroc profond, ses lumières et ses repères identitaires relevant de l’imaginaire populaire», indique à son sujet le critique d’art Abdellah Cheikh. Gbouri a déjà exposé à Tanger, Safi, Casablanca, en France, en Allemagne, au Portugal, aux Emirates Arabes Unies. «Elle met à notre disposition un patrimoine artistique d’une grande valeur, qui force le respect et l’admiration. Elle est parmi les porteuses d’un art singulier qui a permis à la peinture contemporaine marocaine de franchir allègrement les frontières», déclare la critique Bouchera Benmalek. À noter qu’un hommage sera rendu à Fatna Gbouri par la Galerie «Passerelle» à Casablanca qui expose ses toiles jusqu’au 31 décembre. Selon les responsables de la galerie, l’objectif de cet hommage est de mettre en lumière le talent singulier de Fatna Gbouri, figure de proue de  la  peinture marocaine au féminin. «Disciple de la vie populaire et élevée dans un milieu porté sur la peinture, elle se met spontanément à faire chanter le pinceau dans un registre naïf», déclarent-ils.

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