Contemplation. Tel était le maître-mot de la soirée du dimanche 5 juin à Bab Makina à Fès. Cette soirée était marquée par un spectacle de longue médiation. C’est celui de l’ensemble japonais «Tokyo Gagaku». Cet ensemble, constitué d’une vingtaine de musiciens, a présenté une musique traditionnelle qui date du Vème siècle. Une musique à sonorités très lentes et où la spiritualité bat son plein. Le spectacle était partagé en deux parties. La première était marquée par une musique instrumentale nommée «Kangen» et la deuxième est accompagnée de danse et intitulée : «Bugaku». Les deux styles de musiques se rassemblent sous l’appellation globale de «Gagaku».
Ce genre de musique connaîtra un aboutissement purement stylistique vers le Xème siècle. Depuis ce temps, il se transmettra de génération en génération et de père en fils. Mais la caractéristique de cette musique réside dans le fait qu’elle était pratiquée dans la cour impériale et à l’occasion de plusieurs banquets officiels pour célébrer la fête du printemps et de l’automne. Par la suite et à partir de 1955, le Gagaku a commencé à être pratiqué pour toutes les célébrations. Il s’est haussé ainsi au rang de musique traditionnelle japonaise. Aujourd’hui, il garde toujours son aspect millénaire malgré l’usure du temps. Les musiciens qui le pratiquent veillent à la maîtrise de cet art qui se transmet depuis de longues générations. Une génération qui a été formée grâce à une discipline particulière où rien n’est démesuré. Ce sentiment est ressenti à travers ce spectacle.
Les mouvements sont lents et rien n’est exagéré. Le sens de l’esthétique est lui aussi pris en considération. Pour ce genre de musique, l’ensemble Gagaku, une flûte en bambou à 7 trous, un Hichiriki, sorte de haut-bois à hanche double, ainsi que So : une cithare à 13 cordes. Des instruments diversifiés qui donnent une musique hautement colorée. Transmettre une musique, mais aussi une identité, une culture et aussi une civilisation. Tel est le secret de l’ensemble «Gagaku» qui a séduit le public de Bab Makina par son rythme lent et son esprit zen.