Thierry Frémaux, qui a assuré la sélection des trois dernières cuvées du festival, précise que le président Gilles Jacob lui a demandé "de réfléchir afin de savoir si le système (de sélection des films) en place était toujours adapté". Il reconnaît ainsi qu’il "est très difficile de sélectionner une comédie à Cannes". "Les bonnes comédies sont difficiles à trouver, d’autant qu’on ne nous les montre pas toutes", affirme-t-il.
Même si "on vient à Cannes pour un certain cinéma d’auteur qu’on ne verrait sans doute pas ailleurs", M. Frémaux estime que "l’amateurisme aigu commence à atteindre certaines limites. Il faut revenir à une programmation qui donnerait le sentiment que le grand cinéma, ce n’est pas uniquement ce type de films".
"Offrir une place plus large à un cinéma de genre de qualité redonnerait paradoxalement de l’intérêt à un cinéma plus difficile", ajoute-t-il. "Ce va-et-vient est important".
Il souligne également la nécessité de "trouver de nouveaux grands talents. On a du pain sur la planche pour qu’en 2004 les choses soient différentes. Je suis extrêmement concentré sur cet objectif".
Toutefois, M. Frémaux estime que l’édition 2003 "s’est faite l’écho des rapports actuellement déprimés entre le public et le cinéma", ajoutant qu’après les "louanges" des dernières années, "certains en ont profité pour faire ce qu’ils voulaient depuis longtemps : se payer le festival".
"Je crois qu’il faut retrouver ce plaisir qui a manqué cette année, créer les conditions pour que le festival soit, au-delà de la qualité du millésime, un moment d’amour du cinéma, même si la passion n’exclut pas les disputes ou les désaccords", estime-t-il.