Culture

Festival : l’effet Timitar

© D.R

Lors de la soirée inaugurale du troisième Festival «Timitar», Jimmy Cliff nous révèle quelques extraits de son nouvel album «Black Magic». Une heure et demie plus tard, Ammouri M’Barek donnera la réplique en nous interprétant à son tour quelques beaux morceaux de son nouvel album de chansons amazighes «Afoulky» (C’est beau). Le lendemain, c’est-à-dire mercredi soir dernier, c’est au tour de Najat Aâtabou de nous présenter, lors d’un point de presse, le hit de son nouvel album «Al Amal» (L’Espoir), «Awa wa hawa», dont la sortie est prévue dans les dix prochains jours. Au suivant… L’excellente chanteuse mauritanienne, Malouma, réservera l’exclusivité de son nouvel album au public de «Timitar», en annonçant, à la surprise générale, que cet album contient une chanson intitulée «Casablanca»… Que faut-il ajouter encore ? «Timitar» n’est pas uniquement un espace de fête, ou de consommation artistique, plusieurs observateurs s’accordent à dire que cet événement est aussi et d’abord un «projet de développement des musiques du monde en général et des musiques amazighes en particulier». S’agissant de ce dernier volet, outre la réalisation du nouvel album «Afoulky» d’Ammouri M’Barek, «Timitar» avait, souvenez-vous, coproduit l’année dernière avec les Espagnols l’album du luthiste gadiri Driss Maloumi, où il est question d’un remarquable dialogue musical entre les deux cultures marocaine et ibérique. Tout bien considéré, «Timitar» peut se féliciter d’avoir tordu le cou à l’idée selon laquelle le festival serait ni plus ni moins «un lieu festif». Au-delà de l’innovation, élevée au rang d’exigence, «Timitar» s’inscrit dans le circuit des rares festivals internationaux à dimension pédagogique. En invitant des artistes engagés, tels que Alpha Blondy, Jimmy Cliff, ou encore Ismaël Lô, il aura apporté la preuve, et pas des moindres, qu’un festival peut également servir de vecteur des valeurs humanistes. «Timitar» s’érige ainsi en garde-fou contre le communautarisme, avec ce que cela implique en terme de repli identitaire, en encourageant l’esprit de dialogue envers et contre toute forme d’intégrisme. Ce sont là quelques atouts dont peut, fièrement, se prévaloir «Timitar», l’un des rares festivals, -on ne le répètera jamais assez- à avoir une philosophie et une vision humanistes. S’agissant maintenant de fêtes, il y en a eu à revendre. Et ce ne sont surtout pas les dizaines de milliers de festivaliers que draine, jour pour jour, «Timitar» sur les trois illustres espaces : place Al Amal, Place Bijaouane et le Théâtre municipal de plein air, qui nous contrediront. Mercredi soir, et après une soirée inaugurale réussie, le mercure (émotif) est monté d’un cran. Un véritable «woodstock» s’est organisé sur la place «Al Amal», au gré d’un plateau éclectique et généreux. En prélude, et comme à l’accoutumée, la primeur est revenue à un groupe local. En guise de warming, des battements de tambours servis par le groupe «Ahwach-Telwet», originaire de la région d’Ouarzazate. Un plaisir à la fois pour l’oreille, et pour l’œil, tellement les couleurs chatoyantes des costumes traditionnels enfilés flattaient le regard. Après cette séance haute en rythmes et en couleurs, place à la première dame de la chanson «zayane», qui n’est autre que la grandissime «Chrifa». Celle qui fut l’égérie de Mohamed Rouicha nous a entraîné, par sa superbe voix, sur les cimes enneigées du Moyen Atlas. Signe d’admiration pour cette artiste, connue et reconnue au Maroc ainsi qu’en Europe, elle a eu droit à un «tonnerre d’applaudissements» lors de son entrée sur scène, se faisant également bisser à plusieurs reprises aussi bien par les nationaux que par les étrangers. Passé ce moment, cap sur la Mauritanie d’où nous vient la chanteuse «Malouma», avec d’excellents instrumentistes. En plus de sa voix, qui semble sourdre des tréfonds du désert, l’interprète nous a proposé un florilège de beaux épîtres en l’honneur du Prophète, des romances inspirées du pays du «Million de poètes», un hommage particulier à la ville de Casablanca, le tout couronné de chants «a-capella». De l’autre côté de la place Al Amal, à Bijaouane, ou encore sur les gradins du Théâtre municipal de plein air, le degré de surchauffe a atteint son comble grâce, entre autres, au groupe H Kayne (Meknès), Lo’Jo et Sergent Garcia.
Un beau délire…

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