Culture

Festivals : des Artistes victimes d’arnaques

© D.R

Les artistes marocains qui ont participé à la 4ème édition des rencontres musicales de Casablanca protestent. Ils déclarent ne pas avoir été payés pour leurs prestations dans cet événement qui s’est déroulé en octobre 2006 dans la métropole. Parmi eux, les frères Souissi, Abdelfetah Housseini, un trio dirigé par Nasser Houari, le groupe Inuraz, la chanteuse Ilham Loulidi et M’jid Bekkas. Cette manifestation est organisée par l’Association des rencontres musicales  (REARM) basée en France. Pour les précédentes éditions, cette même structure se chargeait elle-même des cachets des artistes.
En 2006, il y a eu un changement dans la stratégie. «L’association nous a informé que c’est la ville de Casablanca partenaire de l’événement qui allait nous payer», déclare le guitariste Hamza Souissi. Même son de cloche du côté de M’jid Bekkas. Cet artiste spécialisé dans la musique gnaouie affiche également son mécontentement. «J’ai assisté à la naissance de cet événement aux côtés de son fondateur Xavier Matissens  et je n’ai jamais eu ce genre de problème», a-t-il souligné à ALM. Pour ces deux artistes, la ville de Casablanca se serait proposé de prendre en charge les artistes marocains. Pour les artistes français, l’association REARM s’en occupe.
Aux dernières nouvelles diffusées par quelques participants à ces rencontres, les artistes français auraient été indemnisés. Les artistes marocains eux disent attendre toujours. «Nous avons laissé passer un peu de temps, puisque nous sommes conscients qu’à l’administration dans ce pays, il y a souvent des retards de procédure, mais cela fait déjà huit mois que nous faisons le pied de grue», ajoute Hamza Souissi. Qui est responsable dans cette affaire ? L’association, la ville ou les artistes ? Pour Hicham Abkari, le chargé des affaires culturelles dans le Conseil de la ville de Casablanca et l’intermédiaire de l’association, il s’agit d’une affaire de non respect des procédures.
Ce responsable donne sa version des faits et raconte comment l’association est venus solliciter l’aide de la ville: «Quelques mois avant le commencement des rencontres, la présidente de l’association a demandé un partenariat avec la ville et voulait savoir si on pouvait mettre à leurs dispositions quelques salles comme celle de Sidi Belyout et une sonorisation efficace pour le bon déroulement de leurs spectacles». En plus des salles équipées, l’association a demandé également, selon Hicham Abkari, une aide substantielle pour les cachets des artistes. «Ce que nous avons fini par accepter à une seule condition : qu’ils nous envoient les contrats des artistes  un mois avant la manifestation puisque  la procédure en règle l’exige», témoigne la même source.
L’association n’aurait pas respecté cette procédure. «Ce n’est que le jour de la soirée que la présidente nous a remis les contrats et c’était trop tard», a-t-il souligné. Dans l’administration, avant que n’importe quel frais ne soit engagé, il y a toute une panoplie de formalités à remplir et des procédures à respecter. «Les contrats doivent nous être acheminés un mois à l’avance puisqu’à notre tour, nous devons les envoyer au ministère des Finances qui vérifie d’abord si la procédure est légale avant de débloquer l’argent», explique Hicham Abkari. Après coup, le ministère des Finances donne son accord et envoie le chèque après être sûr que la prestation a bien été effectuée. Une fois le spectacle terminé, et si ce règlement est bel est bien respecté, l’artiste est payé dans un délai allant de 20 jours à 1 mois. Tout dépend des dépenses engagées par l’Etat. «Si cette procédure est engagée en même temps que la solde du personnel, le retard risque d’être plus persistant». De part et d’autre, selon Hicham Abkari, il faut qu’il y ait une compréhension et du côté des artistes et du côté des prestataires, pour mieux gérer ce genre de situation.
Donc réponse claire : c’est à l’association d’assumer la responsabilité de ce retard. Les artistes continuent à espérer que la ville leur livre leur dû. «Nous avons signé notre partie du contrat en animant les soirées, nous estimons qu’il est temps de recevoir nos cachets», déclare Hamza Souissi. Il se trouve que les artistes marocains n’ont pas obtenu de copie du contrat. «Nous avons signé le contrat remis par l’association, mais nous n’avons aucune copie», déclare M’jid Bekkas  La signature du contrat est justement censé en premier protéger l’artiste des délits et du non-paiement des cachets par le prestataire.
A condition bien sûr que l’artiste lise bien les clauses du contrat et il qu’il exige également sa copie. «C’est la seule manière pour l’artiste de se protéger. En ayant son contrat en main, il peut même porter plainte au cas où il ne serait pas payé», indique de son côté Hassan Nafali, le président de la Coalition marocaine des arts et de la culture (CMAC). Ce représentant des artistes, témoigne aussi qu’a plusieurs reprises, les artistes viennent protester et réclamer qu’ils n’ont pas été indemnisés et lorsque la Coalition leur demande s’ils ont signé un contrat, ces derniers répondent négativement. Dans le statut de l’artiste,  dont certains textes ont déjà commencé à être appliqués, le cas de la couverture maladie, la signature du contrat est obligatoire.
Hassan Nafali cite un autre témoignage: celui d’un groupe d’acteurs qui, il y a quelques années sont venus déclarer qu’ils avaient signé le contrat, reçu une partie de leurs cachets mais qu’ils attendaient le reste du montant promis. «En lisant le contrat, il était clairement écrit noir sur blanc que l’autre partie du cachet allait être délivré après la diffusion de l’oeuvre à la télévision», confie Hassan Nafali. Les artistes ne s’étaient pas rendu compte puisqu’ils n’avaient tout simplement pas pris le soin de lire toutes les clauses du contrat. «Au cas où le prestataire n’aurait pas respecté ses engagements, nous sommes habilités à envoyer un inspecteur du travail sur les lieux pour s’enquérir du respect de la procédure et des clauses du contrat, mais l’artiste a également sa part de responsabilité, puisqu’il doit exiger une copie du contrat», ajoute le président de la Coalition.
Cette même instance, en partenariat avec le ministère de la Culture, serait actuellement en train de travailler sur la conception des contrats-types pour les artistes. Une façon, selon eux d’éviter les litiges et de simplifier les procédures.

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