Dans une salle comble du Palais des Congrès, la cérémonie de clôture a été intense et émouvante à la fois par sa sobriété que par son déroulement. Une soirée illuminée par la présence d’Aishawara Rai, le plus beau visage du cinéma indien. Un visage qui a fait chavirer les coeurs et les âmes de tous, par sa grâce, son humour et tout un flot de sensualités qui a submergé le Palais des Congrès. Une soirée qui s’est émue de la spontanéité du premier Prix féminin, tellement heureuse qu’elle s’est improvisé un discours qui donnait parfois l’impression de tourner en rond.
Vera Farmiga, héroïne du film américain «Down To The Bone», a reçu son Prix de la meilleure actrice comme un signe qui allait illuminer sa carrière qui s’annonce pourtant prometteuse. Même émotion pour la Chinoise Xiao Iiang, Prix du jury, réalisatrice de «Men Ying Tong Nian» (Electric Shadows) qui avait été salué, en coulisses, par tous les spectateurs. Mais c’est le vieux Oussmane Sembéne, réalisateur de l’excellent «Moolade» et son actrice, la belle Fattoumatou Coulibaly, qui ont été les plus touchants. Dignes, mais heureux comme ils ne l’ont jamais été, les seuls représentants de l’Afrique à la 4ème édition du FIFM, ont amplement mérité ce Prix du jury qu’ils ont partagé avec la réalisatrice chinoise, Xiao Iiang. La présence d’Oussmane Sembéne à cette édition du Festival de Marrakech a été en soi, le meilleur hommage qu’on pouvait témoigner à ce vieux baroudeur du cinéma africain.
En le consacrant, le jury a reconnu au continent noir, une certaine présence cinématographique, qui lui permet sans doute de jouer dans la cour des grands et de concourir pour des prix prestigieux. Déçus par «Tenjis», le seul film marocain retenu dans la catégorie de la compétition officielle, les Marocains présents au Palais des Congrès ce soir-là, ont été apaisés par la consécration d’Oussmane Sembéne. Quant à l’Étoile d’or de cette édition, elle a été décernée à l’excellent film de l’Américain Alexander Payne, «Sideways», un film qui récoltera sans doute d’autres prix, puisqu’on parle de sa nomination aux Oscars de cette année.
Si grosso-modo, il serait inopportun, puisque prématuré, de tirer un premier bilan de cette édition du FIFM, il faut bien admettre qu’elle s’est distinguée à la fois par la qualité de sa programmation, que par le charisme de son jury. Il est certain que la présence de Sir Alan Parker n’a laissé aucun doute planer sur le verdict du jury, mais il faut admettre aussi que ce palmarès trouve son meilleur écho dans les coups de coeur des spectateurs qui ont regardé les films en compétition. Des points forts qui réconfortent le Festival de Marrakech dans son ambition et dans sa lancée. Pour le reste, il faudra tirer les leçons pour ajuster et réguler le fonctionnement de ce qui est en train de devenir un rendez-vous incontournable des agendas des festivals cinématographiques de par le monde.