Culture

FITUC : la hollande brûle les planches

© D.R

Les échos du spectacle hollandais «Ich dacht van wel» (Je croyais que oui) planent encore et toujours sur le campus de la Faculté des lettres et des sciences humaines Ben M’Sik. Après avoir marqué l’ouverture, vendredi soir, du 17ème Festival international du théâtre universitaire (FITUC), ce spectacle de l’Ecole Mime Opleiding Amsterdam a superbement refait parler de lui lundi soir. Nombreux étaient les festivaliers à l’avoir revu ce soir-là, au complexe culturel Touria Sekkat. Un véritable «cas d’école» qui n’a laissé personne indifférent, sinon ces soi-disant «pères fondateurs du théâtre marocain» qui continuent de briller par leur absence.
Qu’à cela ne tienne, puisque cette absence est compensée par la présence massive de jeunes universitaires passionnés et remarquablement enthousiastes à l’idée que le théâtre peut être autre chose que simple bavardage, c’est-à-dire un travail de recherche sur le langage corporel, la fonctionnalité de la scénographie (décor, costumes, lumières, etc), le dépouillement de texte (prétexte au jeu), la mise en relief du silence… Ce sont là quelques beaux indices qui se sont dégagés à travers le spectacle «Ik dacht van wel», le tout servi par l’excellent jeu du comédien hollandais, doublé de metteur en scène : Roel Voorbij.
Dans un décor sobre quasi-surréaliste, réduit à une table, une chaise, un mini-réfrigérateur, un instrument de perfusion (!), un patient garde pendant quelques minutes une position figée. On aurait dit une statue de marbre. Tout d’un coup, la «statue» s’anime. Bouge. Le patient n’a pourtant pas retrouvé l’usage de sa langue. Pas une seule parole. Juste quelques gestes insignifiants, le sens n’étant toujours pas important dans le théâtre contemporain. «Ik dacht van wel», qui en offre ici un exemple très significatif, ne s’adresse pas à un spectateur traditionnel. Son objectif consiste même à déboussoler ce spectateur en quête (désespérée) de sens. Roel Voorbij se serait d’ailleurs fiché pas mal de ce sens. «Peu importe si mon spectacle peut être considéré comme surréaliste», nous a-t-il dit à la fin du spectacle. Le spectateur est plongé, -comme le décor le laisse entendre-, dans une atmosphère fantastique. A quoi sert une bouteille de perfusion ? A acheminer dans les veines du sang, -ou du serum-, diriez-vous.
Pour Roel Voorbij, on peut également s’en servir comme d’un encrier (!) La seringue se découvre également un autre usage que celui que l’on connaît, on peut s’en servir comme d’un crayon (!) Le réfrigérateur semble également avoir été inventé pour autre raison que celle que l’on sait, on peut s’en servir comme d’un grenier dans lequel le «patient» se débarrasse de ses pompes (sandales, chaussures, etc). L’ordre établi des choses est ainsi bousculé, les canons traditionnels du théâtre également. Nous sommes face à un théâtre qui se met en question, qui suscite la réflexion en mettant en doute des connaissances que l’on prend trop souvent pour des vérités. Un théâtre qui ne plaît pas forcément au spectateur-touriste, qui invite le public non pas à se complaire dans le confort de son fauteuil de spectateur, mais à devenir acteur en participant à la genèse même du spectacle.

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