Culture

FNAC, caisse noire ou compte spécial ?

© D.R

Le FNAC. En France, ces quatre lettres désignent le Fonds national d’art contemporain. Il s’agit de la plus grande collection internationale d’art vivant rassemblée en France. Constituée par les achats et commandes effectués pour le compte de l’Etat auprès des artistes, cette collection du ministère de la Culture français est extrêmement médiatisée. Le ministère de la Culture marocain a aussi son FNAC, mais certains de ces fonctionnaires balbutient à peine ce nom. Il semble tenu sous le sceau du secret. Et pour cause, ce fonds n’est pas destiné comme son homonyme français à l’acquisition des oeuvres d’art et à leur diffusion, mais désigne un fonds national pour l’action culturelle. Concrètement, il s’agit d’un budget provenant des droits d’entrée dans les musées, les sites et les monuments historiques relevant du domaine du ministère de la Culture. Ils sont nombreux notamment à Fès, Marrakech, Rabat ou Meknès. Ce qui fait enrager de nombreuses personnes qui dénoncent «une manne providentielle». «J’en appelle au bon sens !», s’écrie Omar Jazouli, président de la communauté urbaine de Marrakech. Il explique que Marrakech reçoit 1, 2 millions de touristes par an. « Supposons que 50% seulement de ces touristes paient dix dirhams pour visiter les six sites dont les recettes profitent au ministère de la culture, et bien, ils laissent la coquette somme de 36 millions de DH ! » Les six sites en questions sont le palais Badiaâ, le palais Bahia, les tombeaux des saâdiyines, la Ménara, le musée Dar Si Saïd et Dar El Glaoui. Les recettes de ces sites sont augmentées de celles de la medersa Ben Youssef et la Kouba des Almoravides dont la gestion a été cédée à la Fondation Omar Ben Jelloun qui les a restaurées. Selon les termes de la convention signée entre le ministère de la Culture et cette Fondation, le FNAC reçoit des recettes fixées en 1999, et qui sont majorées chaque année de 15%. « Pour les recettes de 2001, nous avons versé 1,7 million DH au FNAC », nous précise Sakina Rharib, directrice de la merdersa Ben Youssef. Marrakech n’est qu’un cas parmi tant d’autres de villes marocaines qui versent des sommes supposées substantielles au FNAC. Mohamed Louasdi est le chef de division des ressources humaines et des affaires générales au ministère de la Culture. Il est censé fournir des informations au sujet de cette caisse. Pourtant, il se rétracte dès qu’il entend parler du FNAC : « Je n’ai aucune donnée là-dessus ! », dit-il. Le mystère qui entoure ce fonds fait dire à certaines personnes qu’il s’agit « d’une caisse noire ». Ces personnes étayent leur propos par le fait que le FNAC n’est pas contrôlé par le ministère des Finances. « C’est complètement faux ! », précise un fonctionnaire du ministère de la Culture qui a requis l’anonymat. « Il s’agit d’un compte budgétisé, et seuls les comptes hors budget peuvent constituer des caisses noires ». Ce fonctionnaire ajoute que le FNAC fait partie des comptes spéciaux du Trésor, tels qu’ils sont réglementés par la loi de Finances relative aux budgets des établissements publics. Il précise qu’il existe un contrôleur et un trésorier qui veillent sur les dépenses. « Toutes les dépenses du FNAC sont exécutées conformément aux budgets publics », affirme-t-il. L’article 43 de la loi de Finances pour l’année budgétaire 2003 confirme en effet les propos de ce fonctionnaire. On y lit : « Le montant des dépenses que le ministère de la Culture est autorisé à engager pendant l’année budgétaire 2003 au titre de compte d’affectation spéciale intitulé “Fonds national pour l’action culturelle” par anticipation sur les crédits qui lui seront ouverts pour l’année budgétaire 2004 est fixé à trois cent millions de dirhams (300. 000. 000. DH) ». Bien plus, le ministre de la Culture n’hésite pas à communiquer les détails des dépenses du FNAC qui s’élèvent pour l’année en cours à 92 985 056, 44 DH ! Le FNAC couvre, en grande partie les frais d’administration générale du ministère de la Culture, de même qu’il sert à rémunérer des artistes, à produire des supports culturels, à acheter du matériel et à initier des études relatives à la construction de la Bibliothèque nationale du Royaume et le Musée Royal du patrimoine et des civilisations. Le mécontentement des personnes qui le dénoncent tient aussi au fait que le ministère de la Culture perçoit des sommes de touristes qu’il ne contribue pas du tout à attirer.

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