Après une absence de plus de quinze années dans les galeries marchandes au Maroc, Fouad Bellamine revient avec une trentaine d’œuvres qui seront exposées à partir du 8 décembre au 16 janvier à la galerie de l’Atelier 21 de Casablanca. Dans cette exposition, cet artiste exploite de nouveaux médiums comme la photographie dont il se sert avec un œil d’artiste-peintre. «Le terme non-figuration convient mieux à ma peinture, parce qu’elle ne cesse de faire des clins d’œil… au motif», affirme l’artiste. Comme certains artistes-peintres contemporains, il utilise les technologies numériques, fait imprimer certaines images sur la toile et les retravaille. «Mon intervention d’artiste-peintre les dote d’un statut troublant, incertain, et les place dans une espèce de no man’s land artistique et intemporel : ni photographie pure, ni peinture pure. L’œuvre acquiert ainsi une nouvelle identité en adéquation avec mon travail », peut-on lire dans une note d’information. Et d’ajouter : «En faisant cohabiter et dialoguer peinture et photographie, mon dessein est de faire disparaître l’iconographie photographique comme si elle n’était plus nécessaire à l’identification des sujets». De son enfance dans la médina de Fès, il garde un rapport particulier à la lumière, aux murs et à l’architecture qu’ils cernent. Il montre des vues de la ville, de sa fenêtre et les tombes du cimetière de Fès. Il a quitté sa ville pour étudier à l’École des arts appliqués de Casablanca en 1967. Il expose pour la première fois en 1972 à la galerie «la Découverte» à Rabat. La même année, il intègre l’enseignement en qualité de professeur d’arts plastiques avant de poursuivre sa formation par un Diplôme d’études appliquées en histoire et théorie de l’art à l’Université de la Sorbonne, Paris VIII. Pendant les années soixante-dix, Fouad Bellamine accorde un vif intérêt au débat sur la problématique identitaire au Maroc et ses répercussions sur l’art et la culture. Cela le conduira plus tard à dire : « il n’y a pas de peinture marocaine, il n’y a que des peintres marocains… ». Sa passion pour la peinture et l’histoire de l’art se double d’une curiosité qui l’implique dans la recherche aussi bien du point de vue théorique que pratique.
L’évolution de l’art en Occident le passionne, il est ouvert et attentif à toutes les nouvelles tendances, ce qui le conduira très tôt à réaliser des installations et fera de lui l’un des premiers peintres «installationnistes» au Maroc. «….Chez Fouad Bellamine, la peinture ne part pas de l’image, mais de quelque chose qu’une culture aniconique comme est la musulmane a tenu pour très marginale : la peinture. Et plus juste serait de dire la teinture, la couleur, celle dont on imprègne la chaux murale des maisons, mais aussi celle dont les maîtres anciens se passaient techniques», a écrit Bruno Nassim Aboudrar maître de conférence en esthétique à la Sorbonne Nouvelle.