Culture

Francfort : Le Maroc fait cavalier seul

© D.R

Le plus grand rendez-vous mondial de l’édition, la Foire du Livre de Francfort, s’ouvre ce mercredi 6 octobre, avec le monde arabe comme invité d’honneur. Un monde arabe qui participera, une fois n’est pas coutume, sous le même drapeau : celui de la Ligue arabe. Jusque-là, tout va bien. Mais comme il faut qu’il y ait problème, la participation arabe à cette 56ème édition se fera sans le Maroc. Celui-ci prend bel et bien part à cette véritable Mecque des affaires en matière de livre, maie tout seul. La raison est bien simple. Et elle est d’ordre matériel. « La Ligue arabe, qui prend en charge la participation de tous les pays arabes représentés, nous avait demandé une grosse somme d’argent, aux alentours de 250.000 dollars. En échange, nous n’avons eu droit à aucune visibilité quant à la manière dont notre participation allait être gérée.
Le temps passait et aucune explication ne nous a été communiquée. Nous avons donc fini par refuser de payer », nous explique Mounia Nejjar, la dynamique directrice du livre, des bibliothèques et des archives au sein du ministère de la Culture. Cette position marocaine a été maintenue même après que la Ligue Arabe ait décidé de baisser les frais de participation à 70.000 dollars. Le ministère qui a jugé bon de faire représenter le Maroc tout seul, le plus important étant que les éditeurs marocains soient représentés et l’enjeu étant que cette participation soit correcte. Quelque 15 éditeurs marocains, dix grands éditeurs et cinq nouvelles maisons d’édition, seront ainsi présents. Etabli sur 150m2, le stand marocain, nous assure-t-on, est bien situé. En plus de l’emplacement, le ministère de la Culture prend également en charge les billets du transport et la confection des catalogues. Même avec un budget relativement conséquent, tournant autour de 1 million de DH, l’hébergement et le transport des livres n’est pas assuré par le ministère. Ce qui pose la question sur la place réservée aux «petits» éditeurs marocains. D’ailleurs, c’est pour des considérations purement matérielles que trois éditeurs, qui comptaient initialement prendre part à cette foire, se sont finalement désistés. Nadia Salmi en fait partie. Pour elle, l’effort fourni par le ministère est insuffisant. Au lieu de viser la quantité, le ministère aurait dû cibler quelques éditeurs, les plus représentatifs du secteur au Maroc, et s’en occuper comme il se doit. « Non seulement chacun des éditeurs doit maintenant assurer son propre hébergement, ce qui est excessivement cher dans un pays comme l’Allemagne (600 euros/jour ndlr), mais aussi assurer le transport de ses livres.
D’autant que nous venons de clore une période creuse de notre activité, où les livres scolaires ont pris le dessus sur tout le reste ». A cela s’ajoute une position de principe. Le choix fait par le Maroc de se présenter seul n’est pas pour plaire à tous les éditeurs, encore moins dans la conjoncture actuelle, où le monde arabe se doit de donner une image de cohésion et une capacité à présenter un projet global et commun à tous ses pays. « L’attitude marocaine renvoit, une fois de plus, l’image d’un monde arabe dispersé, où chaque pays est à l’écart des autres. Je pense qu’on aurait pu négocier et aboutir à un compromis», déclare Mme Salmi. Mais d’autres invoquent l’exception culturelle du Maroc, la littérature marocaine n’ayant pas les mêmes caractéristiques que celle des autres pays arabes. « Il faut dire qu’il est réducteur de mettre tous les pays arabes dans le même panier. Participer seul, c’est éviter de se diluer dans un magma qui n’a finalement pas de sens », rétorque Mme Nejjar. Une position que partage Abdelkader Retnani, directeur et fondateur des éditions Eddif, fraîchement rentré de Barcelone, où il participait au Salon international du livre de cette ville. « Chaque année, c’est un pays qui est à l’honneur et non pas une institution comme c’est le cas cette année. Nous ne sommes peut-être pas très performants, mais nous avons le droit d’être représentés indépendamment de toute institution ».
A la question si le transport des livres serait derrière le désistement des trois éditeurs, M. Retnani a précisé que le salon est un espace de vente de droits, et non pas de vente directe. Un seul exemplaire suffit donc pour chaque livre. « La foire est une bonne visite de travail », précise-t-il. Le cas de dire que toute chose impliquant les pays arabes ne peut susciter que des désaccords.

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