Dans cette interview, Halima Haidour explique comment elle et la poétesse Jamila Alaoui Mribtou ont puisé dans leurs souvenirs et leur vie d’enfants pour réaliser «Contes de M’a Khadouj» en deux versions : arabe classique et zajal, et en français.
ALM : Comment avez-vous eu l’idée de coécrire cet ouvrage de contes avec la poétesse Jamila Alaoui Mribtou ?
Halima Haidour : L’idée me chatouillait depuis que j’ai traduit le premier conte pour le travailler au cours de mes séances de lecture et où je me suis basée sur ma mémoire, puis avec Jamila Aloui Mribtou, toutes les deux soucieuses de sauvegarder le patrimoine oral tétouanais, nous nous sommes mises d’accord pour collecter quelques-unes de ces histoires qui faisaient notre joie étant enfants et de les écrire en arabe et en français. «Contes de M’a Khadouj» est un recueil de onze contes : Le Petit mortier» (Mhiriz), Le bossu, M. et Mme Puce, La femme tumultueuse, La barquette, L’oiseau et le sultan, La chèvre et le loup, Lounja, La fille de la gazelle, Tante Ogresse, Jounda et l’ogre, La princesse Fleur d’iris. L’artiste-peintre Ahmed Benyessef s’est proposé pour réaliser la couverture et les illustrations «Contes de M’a Khadouj». Je tiens à le remercier vivement. L’historien Mhammad Benaboud a enrichi notre travail par une préface en adéquation avec le thème du recueil.
Pourquoi avez-vous choisi de donner ce nom de «Contes de M’a Khadouj» à ce recueil ?
Le titre «Les contes de M’a Khadouj » a été choisi en hommage à la femme qui m’a élevée. C’est à elle que revient le mérite de ma passion pour les contes. Elle m’a fait aimer ces histoires imagées et pleines de suspense. Pour moi, le conte est une richesse qui alimente ma vie en énergie positive. Il a fait partie intégrante de ma vie d’enfant. Le conte représentait une récompense pour les enfants sages. On nous promettait dans notre enfance des veillées plus longues. Et donc plus de contes si nous ne faisions pas de bêtises pendant la journée. Le conte a développé chez l’enfant que j’étais cette aptitude à imaginer des situations rocambolesques, à créer des scénarios, à faire des montages, à dramatiser des scènes et à réaliser des films dans ma petite tête d’enfant. Il a cette valeur sûre, cette façon d’éduquer, cette pédagogie maîtrisée même par des personnes analphabètes. Les enfants s’émerveillent par les contes et essaient de ne pas perdre le fil de l’histoire. Ainsi, ils apprennent à écouter attentivement et à se concentrer.
Vous êtes-vous inspirée de la société tétouanaise pour la réalisation de cette oeuvre ?
Nous pouvons dire cela. «Contes de M’a Khadouj» est un recueil de contes typiquement tétouanais. La société où j’ai grandi m’a sûrement influencée et impactée. Il n’y a aucun doute làdessus. Je peux donc affirmer que j’ai été inspirée de ma société.
Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers ce livre ?
Mon message à travers cet ouvrage est tout d’abord de redonner à la littérature orale tétouanaise sa place, de la faire connaître et de la sauvegarder. Je voudrais aussi mettre le doigt sur le rôle important de cette littérature concernant l’éducation des enfants, le développement de leur imagination et leur épanouissement. J’en parle amplement dans ma présentation.
Comment «Contes de M’a Khadouj» a-t-il été accueilli par le lectorat ?
J’ai constaté un grand engouement de la part des lecteurs, surtout tétouanais. Le livre a fait revivre à tout un chacun les beaux moments de son enfance.