ALM : Dans quel contexte intervient l’activité du Centre de l’éducation à l’image?
Hammadi Gueroum : Le Centre de l’éducation à l’image est une association créée, il y a presque un an par des intellectuels, artistes et cinéastes qui pensent que le monde est actuellement dominé par un seul moyen de d’expression qui est l’image. Au Maroc, l’éducation est surtout axée sur l’écrit et l’oral. On conçoit et consomme l’image d’une façon primitive et en ayant une attitude de passivité. Ainsi s’il manque au spectateur cet élément de connaissance par rapport à l’image, cette dernière peut constituer un danger et le récepteur risque d’être manipulé. On a sonné l’alarme, il y a dix ans pour que l’Etat intervienne dans l’éducation à l’image. On avait proposé ce projet à deux ministres de l’éducation Abdellah Saâf et Habib El Malki. Le Maroc est à la traîne à ce niveau par rapport à d’autres pays, notamment la France ou encore l’Algérie et la Tunisie. A titre d’exemple, en France, il y a 5000 enseignants qui enseignent l’image. L’Etat s’investit dans ce domaine et les écoles disposent de tout un programme détaillé à ce niveau. L’image est un langage qui nous permet de créer un plaisir et de transmettre le savoir par le plaisir. Et c’est ce qui manque à l’école marocaine qui est devenue un ghetto.
Quel est l’objectif du Centre de l’éducation à l’image ?
Le spectateur peut avoir trois positions par rapport à l’image. Il peut être séduit par elle et se laisse alors faire, ou avoir peur d’elle et verrouiller les portes, comme c’est le cas des milieux conservateurs et fondamentalistes, ou bien il peut totalement la négliger.
La meilleure position à adopter est de savoir comment impliquer le savoir entre le monde visuel et le citoyen. Quand le spectateur a une connaissance qui développe sa sensibilité, il commence à choisir et ne se laisse pas manipuler. Notre objectif est en effet d’éduquer le goût et permettre au spectateur d’avoir un esprit critique.
Quels sont les moyens dont dispose le Centre de l’éducation à l’image pour atteindre ses objectifs ?
Parmi les moyens dont on dispose, je cite le partenariat avec le ministère de l’Education notamment à travers les Académies et les délégations, et ce pour intervenir au niveau des écoles.
Il s’agit dans ce cadre de former des formateurs qui à leur tour dispenseront des formations aux professeurs du second cycle. On commence par les niveaux plus haut pour descendre en intervenant dans le collège et le primaire. On prévoit également l’organisation de colloques, de festivals et de rencontres. Notons l’organisation du Festival international du cinéma pour l’enfance et la jeunesse qui va permettre aux élèves d’aller dans les salles de cinéma et à leur tour ces dernières d’aller aux lycées.
Notre activité s’articule aussi autour du centre de documentation qui sert à centraliser et diffuser les différents documents visuels. Ce centre est conçu avec des partenaires internationaux, notamment de la France la Fondation «Film et Culture», la fondation belge «Ecran large sur tableau noir» ainsi que l’association maroco-hollandaise «Al Jissr». Il a au niveau du centre de documentation, des modules consacrés à plusieurs matières et que l’école peut utiliser . Il faut juste organiser cela et faire un programme entre le centre et le ministère de l’Education.