Le style fusion n’est pas seulement l’apanage des jeunes musiciens hommes. Hanane Soltan est là pour le prouver. Cette chanteuse lauréate en 1990 du Conservatoire de musique de Casablanca, vient de sortir son premier album : «Ana Gnawia». Un genre fusion. Désormais, c’est donc une voix féminine qui vient concurrencer ceux qui se sont frayé un chemin dans le registre de la fusion tels Hoba Hoba Spirit, Darga ou encore Mazagan. A l’instar des chansons des Gnaouas, Hanane Soltan s’inspire des musiques et des paroles du patrimoine marocain. Mais elle refuse de revendiquer un seul genre musical. «Mon album est un mélange de musiques gnaouie, raï et aussi Chaâbi», explique la chanteuse. C’est en effet un melting-pot de sonorités qu’offre Hanane à son public. Un public qu’elle veut large. «La fusion est un genre très à la mode et prisée par les jeunes, mais mon but, c’est de toucher toutes les tranches d’âge, les adultes aussi peuvent écouter mes chansons». «Ana Gnawiya» est composé de onze titres. Pour enregistrer cet album, Hanane Soltan, épaulée par son mari, s’est dirigée vers un studio à Casablanca. C’est là que commence une aventure de longue haleine pour le couple qui a rencontré plusieurs entraves et difficultés. «L’enregistrement de l’album nous a nécessité quatorze mois de travail, c’était très difficile», raconte la chanteuse avec un brin d’amertume. En fait, l’artiste évoque ici les difficultés techniques. Du matériel dernier cri était installé dans ce studio, mais le personnel qui s’occupe de l’enregistrement ne maîtrisait pas ces outils. «Une fois qu’on avait fini l’enregistrement d’une chanson, on se rendait compte que tout a été effacé», ajoute Hanane Soltane. La chanteuse et son équipe de saxophonistes étaient obligées de se rendre en France pour recommencer à zéro. La chanteuse parle ici d’un problème épineux qui touche à la question du mixage au Maroc. Plusieurs groupes rencontrent ces mêmes difficultés. Des difficultés que Hanane Soltane a pu dépasser. «Nous allons continuer à dépasser toutes les entraves, c’est pas une raison pour baisser les bras», déclare la chanteuse. Celle-ci a été propulsée au devant de la scène musicale par le compositeur Taoufik Hilmi. A ses côtés, elle enregistre huit chansons dont deux sont égyptiennes et six marocaines. Elle se rendra dans plusieurs pays du monde arabe. Hanane aimerait bien construire une carrière à l’international. La chanteuse admire toutes les artistes qui ont pu s’installer ailleurs en Egypte ou aux Emirats arabes unis et dont le succès continue à faire des échos. Mais Hanane ne compte pas pour autant abandonner son style musical. «Ma formation académique m’a obligée de commencer à interpréter des chansons classiques, mais je pense qu’a présent, j’ai trouvé mon propre style, celui de la fusion dans laquelle je me retrouve le plus ». Les projets à long terme de Hanane sont pour l’instant restreint, elle attend de promouvoir d’abord son premier album et le vidéoclip l’accompagnant. «Ana Gnawiya» devrait être en vente à partir de la semaine prochaine.