Culture

Hommage des gens du livre à Choukri

© D.R

« On ne pourrait lancer les travaux de cette édition du SILT sans avoir une pensée pour l’oeuvre et la vie de Mohamed Choukri », a souligné Mme Nicole de Pontcharra, conseiller artistique du Salon à l’ouverture de cette 1ère rencontre du SILT, qui sera organisé, du 14 au 18 courant, dans les différentes villes de la région de Tanger-Tétouan avec la participation d’une riche pléiade d’intellectuels, écrivains et créateurs marocains et étrangers.
Pour Maâti Kabbal, journaliste écrivain marocain établi en France, rendre hommage à Choukri aujourd’hui, équivaut à entamer un véritable travail sur la mémoire intellectuelle du Maroc avec une pensée singulière pour une riche palette d’écrivains et d’artistes disparus, dont Mohamed Reggab, Mohamed El Kaghat, Mohamed Zefzaf, Mohamed Kacimi, Abdellah Rajae et, tout dernièrement, Mohamed Toubi. « Quoique la mort ait donné un relief particulier à l’oeuvre de Choukri avec sa descente aux enfers dans les bas-fonds de Tanger », a-t-il indiqué, il importe de relever l’étrange familiarité de cet écrivain atypique qui a toujours conçu la littérature, non pas comme une civilité, mais comme une sorte de dénonciation protestataire, privilégiant le principe de mentir vrai si cher à Louis Aragon. La deuxième caractéristique du parcours de Choukri consiste, selon M. Kabbal en cette rare faculté d’insuffler à ses personnages et à ses sujets la rage et la colère nécessaires de dénoncer le mensonge et débusquer le faux-semblant. Et de préciser que l’écrivain disparu, qui n’aimait pas les voyages, nourrissait un faible pour les interminables pérégrinations entre les livres et les musiques du monde dans sa ville d’adoption, Tanger, avec laquelle il entretenait un rapport matriciel et organique insoutenable. Pour le poète marocain Abdellatif Laâbi, si la disparition de Choukri est une immense perte pour la littérature marocaine, il n’en demeure pas moins que son oeuvre mérite à coup sûr d’être revisitée, relue et méditée afin que les enseignements qu’elle recèle puisse servir la consolidation d’un projet de société marocaine solidaire, juste et équitable. Revenant sur ses premiers contacts avec le jeune Choukri, durant les années 60, le poète marocain Mustapha Nissabouri s’est particulièrement arrêté sur le souffle rebelle et anticonformiste qui traverse l’oeuvre et la vie de Choukri: l’auteur du « Pain nu » concevait la littérature comme un terrain à la marge des consensus, une terre en friche où il faut explorer l’inédit et les non-dits et, surtout, se révolter contre la cruauté et la brutalité.
Sur cette cruauté précisément, Mme de Pontcharra a souligné que l’oeuvre de Choukri avec son mépris des conventions, sa nudité choquante et son humour cinglant aura donné la voix à une large frange de la population, au fil de ses ouvrages, comme une onde de choc qui s’étend à l’infini. Né en 1935 à Béni Chiguer près de Nador dans le Rif, Mohamed Choukri a débarqué à Tanger avec ses parents à l’âge de 7 ans. Après une adolescence de vagabond, il apprend à lire et à écrire à l’âge de 21 ans avant de publier, à partir de 1966, dans plusieurs revues littéraires arabes, américaines et anglaises. En plus de son célèbre roman autobiographique « le Pain nu », Choukri est également l’auteur de « Le temps des erreurs », « Le fou des roses », « La tente et Le petit Zocco ». Placée sous le signe de « La responsabilité des intellectuels », cette 8ème édition du SILT est une initiative conjointe de l’Institut français du Nord et de l’association « Tanger action culturelle » avec le soutien du Conseil régional de Tanger-Tétouan, des villes de Tanger et de Tétouan, de l’Agence pour le développement des provinces du Nord (APDN) et de nombreux autres partenaires publics et privés.

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