Il revendique un modèle fondé sur la coopération: Le CNEM appelle à une édition engagée, solidaire et exigeante

Treize membres du Collectif de la nouvelle édition marocaine (CNEM) ont signé un manifeste refusant la standardisation et la précarisation de leurs métiers.

Le Collectif de la nouvelle édition marocaine (CNEM) vient de publier un manifeste réclamant une édition engagée solidaire et exigeante. «Un collectif, une communauté, une force vive au service d’une édition marocaine plus humaine, plus libre et plus responsable. Nous croyons en l’édition comme un acte fondateur, un engagement à faire entendre des voix singulières, à éclairer le monde par la puissance des mots et des idées», lit-on dans le manifeste signé par treize éditeurs et éditrices. En effet, le CNEM reconnaît que le paysage éditorial est en perpétuelle mutation, il refuse à cet effet la standardisation et la précarisation de leurs métiers. Il revendique ainsi un modèle fondé sur la coopération, l’excellence et la pérennité.

Appel à l’entraide et la solidarité
Les treize éditeurs affirment qu’ils ne sont pas des concurrents, mais des alliés. «Le CNEM est un espace où l’intelligence collective prime, où l’expérience se partage et où les compétences se mutualisent. Nous voulons tisser des liens entre éditeurs, correcteurs, graphistes, traducteurs, imprimeurs, libraires et auteurs pour défendre un écosystème éditorial équilibré et éthique. Nous comptons continuer à être cet acteur «debout» de la chaîne du livre», indique-t-on.

Pour le collectif, publier un livre est un engagement de rigueur, de patience et de respect. «Nous défendons la qualité éditoriale comme un impératif : un texte bien écrit, bien relu, bien conçu. Et pour certains d’entre nous, nous imprimons sur du papier recyclé. Nous valorisons les savoir-faire de nos membres, refusant de céder à la facilité et aux logiques de productions industrielles», relève-t-on. Et de noter : «Être indépendant ne signifie pas être isolé. Le CNEM est un lieu de réflexion et d’action où chaque membre peut affirmer son identité éditoriale tout en bénéficiant d’un soutien collectif. Nous revendiquons notre liberté face aux diktats du marché, en publiant avec conviction et sans compromission».

Le Collectif n’a pas manqué de souligner que l’édition ne peut ignorer son impact environnemental. Dans ce cadre, il encourage les pratiques respectueuses de la planète : choix des matériaux, circuits courts, impression raisonnée, sobriété numérique. «Nous voulons une édition qui pense au futur, sans hypothéquer l’avenir des générations à venir». Enfin, le CNEM refuse l’isolement des artisans du livre. «Nous sommes des professionnels exigeants, des passionnés engagés, des bâtisseurs d’un monde éditorial plus juste et plus durable, avec le Maroc pour point de départ».

Le Collectif appelle à cet effet tous ceux et celles qui partagent cette vision à les rejoindre, à contribuer, à inventer avec eux une nouvelle façon de faire vivre la littérature et la pensée. «Le livre est un engagement. Nous en faisons une mission», conclut-on. Pour noter, le Collectif de la nouvelle édition marocaine réunit 13 membres : Kenza Sefrioui, cofondatrice des éditions En toutes lettres, Rabiaa Mahrouch, fondatrice d’Africamoude, Ghizlaine Chraibi (Éditions Onze), Sofia Fahli (Atonale), Pierre Pascual (Le Sélénite), Emmanuelle Sarrazin (Sarrazines & Co), Noura Marsse (Les yeux qui brillent), Karine Joseph (Éditions du Sirocco), Michèle Desmottes (Maha Éditions), Dominique Nouiga (Nouiga Éditions), Yasmina Naji (Kulte Éditions), Rita Baddou (Bouillon de culture), et Myriem Chraibi (Éditions Art Numérique).