Elle appelle les parties prenantes à travailler de manière concertée
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) émet une série de recommandations visant le développement de l’industrie de l’édition en Afrique dont le renforcement des cadres juridiques et institutionnels, construire un marché intérieur fort et soutenir les plateformes d’édition numérique.
L’Unesco présente la toute première cartographie de l’industrie du livre en Afrique, révélant un secteur riche en potentiel aujourd’hui inexploité. Ce nouveau rapport propose une feuille de route pour transformer l’industrie de l’édition sur le continent, avec des revenus qui pourraient atteindre jusqu’à 18,5 milliards de dollars si des réformes clés sont mises en œuvre. Intitulée «L’industrie du livre en Afrique : Tendances, défis et opportunités de croissance», cette analyse approfondie de l’Unesco montre que le continent dispose de tous les atouts pour développer un secteur lucratif et créateur d’emplois.
Talents littéraires et marchés émergents
Alors que le continent ne compte qu’une librairie pour 116.000 habitants et une bibliothèque publique pour 189.000 habitants, les plateformes numériques jouent un rôle crucial dans l’augmentation de l’accès aux livres. À titre d’exemple, Snapplify et Akoobooks proposent des livres électroniques, des livres audio et des ventes en ligne, qui permettent de dépasser des limites géographiques et d’infrastructure.
Des festivals en pleine expansion
Le dynamisme littéraire du continent se reflète également dans ses nombreux salons et festivals du livre. Avec plus de 270 événements organisés chaque année, soutenus notamment par un réseau panafricain de plus de 200 associations professionnelles, ces rassemblements constituent non seulement des temps forts culturels, mais aussi des plateformes essentielles pour le développement de l’industrie et l’engagement du public.
L’Unesco a activement soutenu plusieurs de ces initiatives, notamment en désignant Conakry (Guinée) en 2017, Accra (Ghana) en 2023 et Rabat (Maroc) en 2026 comme capitales mondiales du livre, ou encore en intégrant des villes créatives de littérature dans son réseau mondial. Ces programmes ont permis de dynamiser les campagnes nationales de lecture, de renforcer les écosystèmes locaux de l’édition et de promouvoir l’accès aux livres pour les jeunes lecteurs.
Développer un potentiel encore peu exploité
Selon l’étude, l’industrie africaine du livre est sous-représentée sur la scène mondiale. Elle ne représente que 5,4% des recettes mondiales de l’édition. «L’industrie est notamment confrontée à un déficit commercial important. En 2023, l’importation de livres a atteint une valeur estimée à 597 millions de dollars, contre 81 millions de dollars de livres exportés». Le rapport révèle également que 90% des pays africains n’ont toujours pas de législation spécifique pour soutenir l’industrie du livre au-delà des lois de base sur le droit d’auteur et le dépôt légal.
Pourtant, le secteur recèle un immense potentiel, avec un revenu évalué à 18,5 milliards de dollars si des mesures et politiques appropriées sont adoptées. Le secteur lucratif de l’édition scolaire en Afrique, qui représente environ 70% du marché mondial, offre des possibilités économiques considérables.
Les recommandations
Le rapport met en évidence trois interventions clés que les gouvernements et les décideurs peuvent effectuer pour transformer le secteur. Il s’agit de renforcer les cadres juridiques et institutionnels, tout en élaborant et mettant en œuvre des législations dédiées au livre, en modernisant les lois sur les droits d’auteur et en renforçant leur application, en établissant des conseils nationaux de développement du livre et en créant des agences nationales de l’ISBN.
L’Organisation recommande de construire un marché intérieur fort. «Il s’agit d’intégrer le secteur du livre dans les stratégies nationales de développement industriel, en augmentant les mécanismes financiers, en donnant la priorité aux éditeurs et aux contenus locaux dans les nouvelles politiques d’achat de manuels scolaires, en introduisant des incitations à l’exportation et en supervisant les investissements étrangers». Le rapport préconise d’élargir le lectorat et l’accès en investissant dans les bibliothèques publiques, en soutenant les plateformes d’édition numérique, en lançant des campagnes nationales de lecture et en menant régulièrement des enquêtes nationales sur la lecture afin d’obtenir des données.
Promouvoir et soutenir les industries créatives africaines
Ce nouveau rapport s’inscrit dans une démarche plus large avec de précédentes publications sur la mode africaine (2023) et l’industrie cinématographique africaine (2021), qui vise à soutenir et à promouvoir les industries créatives en Afrique. Ces études permettent ainsi de développer des solutions adaptées aux besoins des États membres africains de l’Unesco, notamment dans le cadre de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, qui fête cette année son 20ème anniversaire.