Culture

Japon : Nova rate son expérience

Pendant des années, le Japon a accueilli à bras ouverts les jeunes professeurs d’anglais qui venaient remplir ses salles de cours privés, mais lorsque le géant de la profession Nova a fait faillite, ils se sont retrouvés à la rue sans aucune aide. Cette affaire a mis en lumière le manque de protection sociale concernant les travailleurs étrangers au Japon, alors que la deuxième économie mondiale ouvre de plus en plus ses portes pour pallier un manque de main-d’œuvre et le vieillissement de la population.
Kristen Moon est arrivée au Japon un peu moins de 6 mois avant que Nova, la plus grande école de langues étrangères du Japon, dépose son bilan en octobre, mettant au chômage quelque 4.500 professeurs étrangers, privés de salaires.
Ses élèves lui ont demandé de continuer les cours en dehors de l’école et l’invitent à dîner ou au karaoke pour lui soutenir le moral.
«J’ai l’impression que ma contribution culturelle à la société japonaise à travers mes cours d’anglais est appréciée par les particuliers, mais que le gouvernement a profité de cette demande et conduit les sociétés à engranger de larges profits», a déclaré à l’AFP cette Américaine de 23 ans, qui vit à Ichikawa, une banlieue de Tokyo, l’une des villes les plus chères du monde.
Environ 2.000 employés japonais ont perdu leur emploi et quelque 400.000 élèves ont brutalement interrompu leurs cours à la suite de la faillite du géant Nova.
Les professeurs étrangers, dont la plupart avaient payé eux-mêmes leur voyage pour venir au Japon, se retrouvent sans travail et sans protection médicale et tentant désespérément de retrouver un emploi.
Certains n’ont pas assez d’économies pour acheter un billet de retour et d’autres échangent des cours contre un repas.
Les avocats chargés de trouver un ou des repreneurs pour Nova ont annoncé mardi qu’une société japonaise, G.communication, qui organise des cours d’anglais dans le nord du pays, allait reprendre la gestion de 30 écoles Nova et envisageait à terme un objectif de 200 écoles, soit moins d’un tiers du total des établissements actuellement fermés.
Mais certains enseignants étrangers, déçus et en colère contre leur ex-employeur, font déjà leurs valises, renonçant à tout espoir de toucher un jour les arriérés de salaire. «La société ne nous a absolument rien dit, les seules informations venaient des médias, ou du syndicat, ou du bouche-à-oreille entre nous», lâche Julie Pidgeon, 26 ans, qui prépare son départ. «J’en ai tout simplement marre de cette situation». Le Japon a une politique d’immigration très restrictive, n’ouvrant ses portes qu’aux travailleurs qualifiés ou à ceux qui ont des ancêtres japonais.
Mais avec une population vieillissante et un taux de naissance très faible, les sociétés japonaises se trouvent confrontées à un manque de main-d’œuvre qualifiée, ce qui a contribué à l’exploitation de travailleurs étrangers en toute illégalité, affirment les détracteurs de la politique d’immigration japonaise.
 Goro Ono, professeur à l’université Saitama, reproche au gouvernement d’avoir été trop généreux en accordant des visas de travail aux professeurs d’anglais étrangers recrutés par Nova et pense qu’il aurait dû prévoir une meilleure protection pour ces enseignants.

Harumi Ozawa
(AFP)

Articles similaires

Culture

Instrumentistes virtuoses et phénomènes scéniques à l’affiche de la 25e édition

Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira

Culture

«Moroccan Badass Girl» de Hicham Lasri dans les salles marocaines

Le dernier opus du réalisateur marocain Hicham Lasri «Moroccan Badass Girl» sort...

Culture

«Mémoire de la Médina» : Exposition de Roser Sales Noguera à Casablanca

L’Institut Cervantes de Casablanca organise différentes activités culturelles durant le mois de...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux