Jets de chaussures, un nouveau mode de protestation

Une nouvelle scène de chaussure volante s’est produite récemment. Le décor cette fois-ci est au Cambridge. Les protagonistes sont un jeune manifestant et le Premier ministre chinois. Lors d’un discours, tenu lundi 2 février, à la célèbre université du Royaume-Uni, un manifestant n’a pas hésité à lancer sa chaussure de sport en direction du dirigeant chinois Wen Jiabao. Le jeune homme s’est protesté verbalement contre la dictature du Premier ministre avant de déléguer ses chaussures. D’après les données annoncées à cet égard, le jeune manifestant a été conduit au poste de police pour trouble à l’ordre public. Cet incident rappelle «le cadeau d’adieu» qui a été «dignement» rendu à George Walker Bush par un journaliste, lors de sa dernière visite en Irak. George Bush a esquivé la paire volante, mais il n’a pas échappé à l’humiliation de tout un peuple voire de toute une communauté. Cette paire a fait de son lanceur Mountadar Al Zaidi un héros incontournable. Âgé de 29 ans, il  a trouvé un nouveau moyen d’expression. Le journaliste, par ce geste, s’est vengé pour son peuple « victime » de la torture des Etats-Unis. Hors les mots, il s’est livré à ses chaussures pour traduire sa colère envers le président américain. Cet incident s’est produit, le 14 décembre à Bagdad, lors d’une visite d’adieu effectuée par Bush en Irak. En un laps de temps, «le bisou d’adieu», ainsi nommé par Mountadar, a fait le tour du monde. La séquence a été rapidement diffusée à travers les canaux de communication du monde entier. El Bagdadia, la chaîne où il travaille l’a glorifié. Elle a fait de lui un héros, une légende, un vrai symbole de la dignité arabe. En effet, dans une ambiance de joie et d’émotion, les employés de la chaîne, sise en Egypte, ont sacrifié un mouton comme signe de fierté et de célébration. Son acte a mérité le respect et la compassion. Plusieurs manifestations se sont déroulées en Irak ainsi que dans différentes capitales du monde pour sa libération. À son instar, les étudiants de différentes facultés ont jeté leurs chaussures sur des effigies du président américain. Ce fut également une occasion pour certains de donner libre recours à leur créativité. Les amateurs des jeux vidéos et tous ceux qui ont voulu imiter le journaliste ont eu le privilège de «shooter» Bush par des chaussures virtuelles. Cette paire de souliers a été assez convoitée. Pour l’obtention des chaussures du journaliste, un Saoudien a offert 10 millions de dollars. Cet homme les a considérés comme «médaille de liberté». Un Egyptien est allé jusqu’à proposer sa fille pour épouse à Mountadar. Le lancé de chaussure, acte banalisé par le chef d’Etat américain, a suscité l’intérêt des milliers de personnes, notamment les Américains. Par sa réaction insolite et  bizarre, Mountadar a poussé George Bush à tirer révérence au peuple irakien. Ironique oui ! Mais son inclinaison face aux chaussures du jeune Irakien l’exprime fortement. Rappelons que la pratique « d’entartage » est restée pendant  longtemps un moyen d’expression et de protestation particulier. Pour ceux qui l’ignorent, « l’entartage » est un geste qui consiste à écraser une tarte à la crème au visage d’une célébrité lors d’un événement public. Cette condamnation publique sert à ridiculiser sa victime. Si certains prennent cette pratique comme un exercice amusant entre amis, d’autres l’ont adoptée comme titre de célébrité. C’est le cas du Belge Noel Godin qui est connu, depuis 1968, pour ses jets de tarte à la crème sur de nombreuses personnalités de différentes nationalités. Ces victimes sont punies car elles sont  considérées comme détestables par «l’entarteur» belge. Parmi les célèbres personnalités, qui ont eu la malchance de goûter les fameuses tartes de Godin figurent  Bill Gates, Lévy et  Nicolas Sarkozy. Indignées, certaines de ses victimes ont porté plainte contre lui. Il a été contraint de payer des amendes pour « violences volontaires avec préméditation», allant de 800 à 2.500 euros. Entre les «tempêtes pâtissières» et les «chaussures volantes», les personnalités mondiales doivent, désormais, se méfier davantage des nouveaux outils de protestation qui pourraient être utilisés à l’avenir.