Culture

Karim Bennani quitte l’AMAP

© D.R

Rarement une date aura autant divisé. Certains membres de l’Association marocaine des arts plastiques (AMAP) se sont réunis en vue d’arrêter une date à la fin du mois de septembre. Étaient présents à cette réunion à huis clos, les peintres Fouad Bellamine, Mohamed Kacimi, Farid Belkahia, Miloud Labied et Hassan Slaoui. Ils se sont consultés au sujet d’une réunion extraordinaire, en vue de renouveler les membres du bureau de l’AMAP et trouver un successeur à son actuel président, Karim Bennani. Un émissaire a été désigné pour informer ce dernier de la volonté des peintres. Miloud Labied s’est effectivement rendu chez le président de l’AMAP, mais parce que les conditions ne s’y prêtaient pas, il l’a informé à moitié de l’objet de sa visite. Interrogé sur la demande des cinq peintres, Karim Bennani répond : «oui, j’ai eu vent du sujet, mais je ne suis pas au courant de cette réunion !» En revanche, il affirme qu’une assemblée extraordinaire de l’AMAP aura lieu lors de la dernière semaine du mois de novembre. «Il cherche encore une fois à gagner du temps. Cela fait des années qu’il agit de la même façon et vous allez voir qu’il n’y aura pas de réunion ni en 2003, ni en 2004», dit un peintre qui a requis l’anonymat. Pourquoi Karim Bennani chercherait-il à ajourner une réunion extraordinaire de l’AMAP ? «Parce qu’il a pris goût au pouvoir !», répond sans hésitation le même peintre. Karim Bennani est membre fondateur de l’AMAP en 1972 et son premier président. Pendant les années soixante-dix, les peintres Mohamed Melehi et Hassan Slaoui lui ont succédé à ce poste. Karim Bennani a été de nouveau réélu au poste de président en 1980. Il y est encore. Pourtant, ce peintre nie vouloir rester à la tête de l’AMAP. Bien plus, il se dit décidé à céder sa place lors de la réunion extraordinaire du mois de novembre. «Je ne veux plus être président de l’AMAP. J’offre ma place ! Je suis las, et ma santé ne me permet plus d’honorer mes fonctions», dit-il. «Cela fait des années qu’il répète la même chose !», s’écrie de son côté le peintre Fouad Bellamine. Ce dernier artiste en appelle à redéfinir les objectifs de l’association, à l’ouvrir aux jeunes et à la moderniser. Il s’étonne du fait que la plus vieille association d’arts plastiques au Maroc ne possède même pas de site Internet. Il estime aussi que les artistes plasticiens marocains sont rendus vulnérables par une association qui ne défend pas leur intérêt. «Le ministère de tutelle fait ce qu’il veut, parce qu’il a affaire à une association faible. Et c’est l’image des arts plastiques au Maroc qui en pâtit», ajoute le peintre Bellamine. Il n’en veut comme preuve que l’exposition actuelle de peintres marocains à Helsinki. Les tableaux ont été transportés, selon ses termes, comme des objets d’artisanat. Leurs auteurs sont restés au Maroc. «À quoi sert l’exposition de Helsinki alors que l’on se sait même pas ce qui s’y passe ?» Fouad Bellamine ne doit pas pourtant se douter que Karim Bennani abonde dans son sens. Il estime qu’après les longues années passées à la tête de l’AMAP, il ne peut plus apporter du sang neuf. Il préconise à cet égard la réforme du statut de l’AMAP, lors de la réunion extraordinaire du mois de novembre. Le prochain président ne devrait plus siéger, à ses yeux, plus de deux ans ! Il ajoute que la présidence de l’AMAP n’est pas seulement une question de protestation verbale, mais d’assiduité et de temps. Cet avis est partagé par le peintre Miloud Labied qui précise que la présidence de cette association requiert un sens aigu de la responsabilité. Il faut s’occuper des choses courantes comme le courrier, se rendre à des réunions ennuyantes, et placer les intérêts de l’association au-dessus de l’ego de l’artiste. Il lui importe peu, ajoute-t-il, le nom du successeur de Karim Bennani, pourvu qu’il serve l’AMAP avec dévouement.

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