Culture

Karim Rafi : «Les artistes s’exprimeront libres de tout carcan ou styles prédéfinis»


ALM : Que signifie «Slam et Klam», le titre du festival ?
Karim Rafi : L’intitulé du festival vient de l’expression « La Slam La Klam » qui veut dire qu’on est fâché, qu’on est en rupture.  «Slam et Klam» comporte justement l’idée  d’une négation de la rupture dans tout travail artistique. Pourquoi rompre avec quelque chose, en l’occurrence, notre patrimoine culturel verbal, alors qu’on peut s’en servir comme un domaine d’expérimentation ou tout simplement de rencontre avec l’autre. Le titre du festival réfère également au Slam qui est aujourd’hui une espèce de poésie démocratique qui dépasse la poésie classique et académique. Il est question de l’exploration du verbe dans tous les champs possibles.

Quel est le concept du festival et quelles sont les formes artistiques qui seront abordées?
La poésie se base sur le son lui-même, le son dans son état brut et chaotique.
Ce qui nous intéresse est de savoir si la musique  est une forme de poésie, si le bruit est une musique. Ainsi, il s’agit d’organiser ce chao et de lui donner un sens à travers plusieurs formes d’architecture qu’elle soit poétique, expérimentale, contemporaine ou traditionnelle. Dans les places publiques par exemple, à Marrakech ou des villages ailleurs, on rencontre des gens qui donnent des spectacles à l’aide de pratiquement rien sinon des mots avec lesquels ils attirent  tout un public qui devient aussi acteur. Il est alors question de théâtre de rue, de halqa, ou de poésie comme les «haddaoua», poètes qu’on trouve dans le nord ou le sud du pays. On retrouve le même état d’esprit dans le slam, les «battles» qui opposent deux slameurs ou encore chez les «aoual», poètes berbères, ou le melhoun…  Cette forte attitude par rapport au mot existe en général dans la culture populaire et orale. Malheureusement, parfois, le citadin juge cette dernière comme quelque chose de dépassé, d’archaïque ou d’exotique. Dans ce festival, il ne s’agit aucunement pour nous de canaliser ce patrimoine ou de le formater. Il est surtout question de le comprendre, de le décortiquer, et de créer sans rompre avec lui, de nouvelles formes d’expression, (slam, zajal, musique improvisée, vidéo,poésie et geste ….). 

Comment se concrétise le concept du festival dans son programme ?
Plusieurs artistes de divers univers sont invités à se rencontrer  dans le cadre de résidences et de spectacles. Ils s’exprimeront libres de tout carcan ou de styles prédéfinis dans des espaces publics et en interaction avec le spectateur. Ainsi il sera question de scènes ouvertes où le public n’est pas que récepteur mais réfléchit et réagit. Sont prévues dans ce sens, plusieurs activités notamment le «Lab’Oratoire», un atelier d’écriture, (poésie, prose, poésie concrète, poésie électronique, poésie populaire, zajal, melhoun…), ou « Artefact », un atelier de création visuelle et sonore.  Les diverses activités du festival seront principalement accueillies au Parc Lala Amina, et Bab Boujloud, mais aussi à la Bibliothèque Al Quaraouiyine et dans quelques rues de Fès.

Qui sont les artistes qui  participeront au festival?
Parmi les amoureux de la parole qui seront présents au festival, on cite, Amazigh Kateb (Algérie), du Maroc la chanteuse Zahara Hindi, Mohamed Abnour,  Malek Rafi, Brahim Terkemani, Nadjib Ben Bella (DJ Boulaone). En plus d’animer des ateliers, ces artistes présenteront un spectacle intitulé «Il était une fois le future», fruit d’une résidence qui a duré 10 jours. On note aussi la création «Djazzal» autour de la poésie populaire revisitée par le chanteur de Hip Hop Mobydik sur des compositions post jazz du trio suisse Plaistow. Le festival compte également d’autres invités comme Rayess Bek (Liban), l’artiste plasticien hollandais Kees de Valk, le rappeur suisse Jonas, et d’autres poètes, rappeurs et slameurs notamment de la France : Dgiz, Dagobleen, Dee Nasty ou du Mali, l’écrivain Mohamed Hawad…

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