Culture

Khadija Tnana : De la mort à la vie

© D.R

Khadija Tnana dévoile une nouvelle recherche plastique à travers sa prochaine exposition qui aura lieu à la galerie Bab El Kébir à Rabat, ce vendredi 1er octobre.
Le thème de cette nouvelle exposition est intitulé : «Le corps entre son parfum et son éparpillement». Cette exposition marque un cheminement nouveau dans le travail de créativité picturale de Khadija Tnana.
En effet, après avoir longtemps travaillé sur le thème de la mort, l’artiste s’engage, cette fois-ci, sur une voie particulière presque controversée. Khadija Tnana a toujours pris appui sur la conceptualisation «du corps», fondement central et permanent de son oeuvre. Cependant à un certain moment de sa vie, l’artiste ayant frôlé la mort, atteinte d’un cancer du sein, elle voyait la vie d’une manière négative et pessimiste. Cela se reflétait sur ses oeuvres; le thème de la mort était devenu une sorte de sujet de prédilection.
Cependant, un déclic s’est produit. Khadija Tnana se tourne vers la vie, pour exprimer l’épanouissement des sens et des émotions fortes. Ce changement est dû aux sentiments de l’artiste.
Celle-ci fut invitée par l’Institut français dans une résidence d’artistes à Fès. Se situant en pleine médina, cette maison l’a plongé dans ses souvenirs d’enfance vécus à Tétouan. C’est une atmosphère qui inspire l’amour, l’innocence, la vie. C’est à ce moment-là, à travers cette expérience, que Khadija Tnana a décidé de changer de trajectoire et d’entreprendre de nouvelles recherches.
L’architecture de la maison- residence d’artiste y est pour beaucoup dans ces nouvelles recherches. « Cette bâtisse traditionnellle a déclenché en moi une force nouvelle, des souvenirs à jamais enfouis», déclare-t-elle. Et d’ajouter : «Les maisons de la médinan de Fès ressemblent à celles de Tétouan, elles sont pour moi synonymes de fêtes, des moments de bonheur partagés entre des femmes complices, maîtresses de ces lieux ».
Elle fut comme possédée par une nouvelle force. Une force nouvelle émanant d’un lieu enchanté qui lui rappelle son enfance.
A ce moment même l’artiste se tourne vers un nouvel horizon qui rompt avec le passé. Les souvenirs d’un patrimoine heureux sont là et donnent un nouveau souffle qui marque la césure de la linéarité plastique.
Une linéarité jusque-là affectionnée par cette artiste originaire du Nord du Maroc et qui se voit très touchée par les questions sociales. « J’ai toujours été très touchée par les problèmes de l’Irak et de la Palestine ». Cet humanisme, l’artiste veut en faire une cause commune. Ancienne dirigeante de l’organisation des femmes de l’Union socialiste des forces populaires, Khadija Tnana a mené une carrière de militante. Mais en 1993, Khadija Tnana a décidé d’abandonner la politique pour se consacrer totalement à son art et à ses recherches picturales. Cependant, l’artiste estime qu’elle garde toujours cet esprit militant. Militante dans le sens où elle reste sensible aux problèmes et aux questions relatives à l’humanité. Une humanité de plus en plus envahie par les affres de la guerre et des conflits incessants.
En outre, restant fidèle à sa technique qui rassemble des matériaux comme l’acrylique, le papier semi-artisanal, café et sable ainsi que l’encre smak, l’artiste s’engage dans la semi-abstraction. Ceci pour tenter de traduire, dans ses tableaux, des espaces intérieurs. Des espaces dans lesquelles se trouvent les femmes d’antan qui, selon elle, « sont complices d’un même destin, celui des secrets et du poids de la tradition ».
En somme, l’exposition de Khadija Tnana, qui aura lieu à la galerie Bab El Kebir, est une manière pour l’artiste de dévoiler ces nouvelles recherches, au regard de tous,. Ce passage de la mort à la vie. Une occasion pour les spectateurs également de découvrir, à leur tour, «le corps entre son parfum et son éparpillement », un cheminement nouveau vers une autre créativité.

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