Mohamed Khamouli : Comment avez-vous vécu votre rôle de serviteur dans la pièce «Mrat El Bacha » de Hamid Basket ?
ALM : Le travail avec Hamid Basket était assez difficile dans la mesure où c’était éprouvant. C’est la première fois que je joue dans une pièce de ce réalisateur. Les répétitions nous ont nécessité près d’un mois et 15 jours. On travaillait sans relâche de 9 h 30 à 20 h et parfois jusqu’ à minuit.
Qu’est-ce qui vous a dérangé dans cette pièce?
En fait, il y a eu plusieurs éléments qui me dérangeaient. D’abord, c’était le rythme infernal. Les répétitions étaient éprouvantes, car on a dû changer plusieurs fois des séquences de la pièce. Durant 23 ans de carrière, je n’avais pas l’habitude de mener un tel rythme et c’est pour cette raison qu’à un certain moment, j’ai même pensé me retirer de la pièce.
Qu’est-ce qui vous a donc fait changer d’avis?
En fait, je me suis rendu compte que Hamid Basket avait son propre caractère et sa manière de travailler. On ne peut pas toujours traiter avec les mêmes tempéraments. Et j’en suis conscient. Aussi, certains comédiens, qui étaient avec nous dans la pièce, m’ont convaincu de rester et m’ont promis que le produit allait être de qualité. Une fois tranquillisé, et après un mois de labeur, j’ai cessé d’apercevoir les événements du mauvais côté. J’ai même fini par constater que le metteur en scène a réussi à déceler en moi certains tics qui gênent et que d’autres ne les avaient pas découverts. Ceci m’a fait plaisir et j’ai fini par me dire que je me trompais sur le compte de Hamid Basket. J’ai fini par réaliser que le metteur en scène maîtrisait la direction artistique.
Vous étiez à un certain moment un membre éminent de la troupe Masrah El Yaoum dirigée par Touria Jebrane, mais vous venez de la quitter. Pourquoi ?
J’aimerais préciser que mon retrait de la troupe Masrah El Yaoum n’est pas venu de ma part. Je n’ai à aucun moment voulu quitter cette troupe qui s’intéresse au théâtre pour enfants. Un domaine que j’adore et dans lequel je me suis réellement épanoui. J’aimerais ajouter également que je fais partie des membres fondateurs du théâtre professionnel pour enfants, à l’époque où ce style n’existait pas encore au Maroc. Pour revenir à Masrah El Yaoum, cette troupe a commencé à travailler sur des monologues, donc j’ai été en quelque sorte éjecté de la troupe. Mais je continue aujourd’hui à travailler sur « Kawkab Mecano » de Masrah Al Yaoum jusqu’à ce qu’elle soit achevée.
Vous avez présenté à plusieurs reprises vos textes à la Commission nationale d’aide au théâtre mais aucun de vos projets n’a été retenu. Comment réagissez-vous à cela ?
Vous savez, quand je réfléchis à tout cela, j’en ai mal au cœur. Quand je vois que j’ai fondé un type de théâtre et auquel on n’accorde pas de véritable valeur, j’en suis attristé pour ne pas dire indigné. A la dernière session de la Commission j’ai présenté trois pièces pour enfants, mais on ne m’a accordé d’aide. C’est comme si les membres de la Commission ne savent pas que je suis quelqu’un d’honnête et qui met tout son argent dans les pièces qu’ils réalisent. Finalement je me suis dit qu’ils ont peut-être leur propre politique. Mais je ne baisse pas les bras, je continuerais à frapper à toutes les portes.
Ne pensez-vous pas proposer vos pièces à nos télévisions nationales?
C’est déjà fait. J’ai déposé, il y a de cela cinq ans, ma pièce : «Quand les enfants parlent ». Ce travail a été classé dans les tiroirs de la production de 2M. Jusqu’à présent, je n’ai pas reçu de réponse de la part des responsables de la chaîne. Durant les premières années, je faisais des allers-retours à 2M pour me renseigner sur l’état d’avancement des choses, mais en vain. A cause de toutes ces situations, je suis souvent poussé à croire qu’au Maroc, on ne valorise pas le théâtre pour enfants. Mais j’espère au plus profond de mon cœur qu’avec l’ouverture des ondes et la libéralisation du secteur audiovisuel, la donne va changer et que la situation sera plus clémente.