Culture

La couleur manquante

Samedi 28 décembre 2002, le Musée de Marrakech avait un rendez-vous presque inhabituel. Vernissage de l’exposition de l’artiste peintre français, Sasmayoux.
Une exposition de tableaux en pastel réalisés par l’artiste durant ses séjours en terre africaine.
Rendez-vous inhabituel pour dire que contrairement à la politique générale du Musée, tournée vers tout ce qui touche à la culture arabo-musulmane, notamment marocaine dans ses diverses expressions, nous voilà plongés dans l’univers particulier d’un artiste français qui a eu un accueil des plus favorables des amis du Musée. Il faut dire qu’une petite tournée devant les toiles de Sasmayoux finit par enthousiasmer les plus sceptiques et placer l’univers de l’artiste non seulement aux confins du monde de la peinture arabo-africaine, mais l’installe comme une partie intégrante de ce monde-là. Comme une composante essentielle de l’art africain.
En effet, on découvre que l’artiste est tombé sous le charme africain, ses traits de culture et de visage. Sous le charme de la couleur manquante. Entre un blanc cassé, une touche de pinceaux ocre et le noir, on n’est pas devant la fascination des couleurs propres aux artistes «orientalistes», on ne transcrit pas non plus les formes et les couleurs dont regorgent les marchés – informels – de l’art à Ouagadougou ou à Dakar, où la prédominance des couleurs vives -jaune et rouge- est frappante à mille lieux. On est plutôt dans un monde austère, qui renvoie immanquablement à la vie des Touaregs, aux femmes qui malgré les difficultés de la vie de tous les jours parviennent à sauvegarder leur trait de beauté, avec les produits de maquillage de bord.
Des visages de femmes, une bonne partie de l’exposition est réservée à cette thématique. Mais il y a aussi un tableau qui, à lui seul, trahit la fascination de l’artiste par ce monde qu’il n’arrive pas vraiment à bien sonder : Epaule nue. Une femme noire dont l’épaule est nue couleur ébène dont le suggestif est très dense…
Autre décor, mêmes moyens. Les espaces du Sahara tels que peints par Sasmayoux. Des forteresses qui confinent aux ruines. Des châteaux non entretenus. Des presque vestiges que l’artiste a voulu immortaliser. `
Quelques couleurs échappent mais ne contrastent pas avec le reste de son oeuvre, basée sur la presque absence de la couleur.
La finesse du trait, la maîtrise du détail, on a envie de dire que chaque partie du tableau, aussi infime soit-elle, est un gros plan de plus infime. Les pastels de Sasmayoux renvoient à une tendance qui mélange le figuratif et l’impressionnisme.
Sasmayoux, artiste peintre français, n’est certes pas connu du public marocain. Attaché aux arts africains, il poursuit son oeuvre non sans coups d’éclat. Son exposition au Musée de Marrakech durera jusqu’au 12 février. Une occasion pour ceux qui ne le connaissent pas d’en faire connaissance. Et de contempler la beauté des visages sans couleurs mais d’une vivacité étonnante.

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