Culture

La cyber-addiction gagne du terrain

© D.R

Ils sont nombreux à rester figés devant leurs ordinateurs. Yeux fixés sur l’écran et mains sur le clavier, ils ne se soucient ni du temps ni de l’espace. Ces personnes passent des heures et des heures connectées à la toile. Jeunes ou adultes, ils établissent une étroite relation avec cet outil informatique. Cet attachement peut facilement atteindre le stade de l’addiction. La dépendance, dans ce cas, se nomme «Cyber-dépendance» ou «Cyber-addiction». Cette appellation décrit adéquatement l’usage compulsif de l’Internet. Un comportement obsessionnel qu’adoptent la plupart des adeptes de l’outil informatique. Il n’y a pas de profil prédisposé pour ce type de dépendance. Tous les internautes sont vulnérables à ce trouble. Ce phénomène est progressif. Le passage de l’usage normal à la dépendance s’effectue en trois étapes.
La première est celle de l’usage simple. Elle représente la phase de découverte et de recherche de sensations et de nouvelles expériences. En quête de performance, l’internaute passe à la seconde étape que les chercheurs ont qualifié «d’abus». À partir de ce niveau, l’usager se trouve pris dans l’engrenage qui va le conduire, par la suite, à la phase terminale celle de l’addiction. C’est le cas de Zakaria. Cet adolescent est incapable de se passer de cet outil de connexion. Sa conduite «addictive» a été récemment détectée par ses parents. «C’est devenu alarmant. Mon fils passe des journées entières devant son poste. Au début, j’étais à l’aise puisqu’il ne sortait pas. Donc il est tout le temps sous mon contrôle. Mais au fil du temps, nous avons remarqué que le net le possède et cela commence à se répercuter négativement sur ses études et ses relations sociales», déclare la mère du jeune garçon. L’usage excessif dont fait part ce jeune garçon, rend ses parents perplexes. «On s’est abonné à Internet pour initier nos enfants aux différentes ressources éducatives qu’offre cet univers. Mais nous nous sommes vite aperçus que c’est une drogue néfaste qui menace la vie des milliers de jeunes», ajoute le père. Zakaria, comme les autres accros du net, banalise sa situation et nie être dépendant. «Je ne peux pas nommer mon cas de dépendance. Je suis comme tous ces jeunes qui aiment surfer sur le net. Tant que je me sens à l’aise, satisfait et que je ne dérange personne, je ne vois pas de mal à cela», atteste Zakaria. La satisfaction et l’euphorie, ce sont les sentiments que génère la navigation sur Internet. Des sensations qui rendent l’individu incapable de s’y détacher. Par conséquent, les doses de connexion augmentent jour après jour. D’après les études effectuées, la dose minimum pour assouvir son manque est de 35 heures par semaine.
La «cyber-addiction» déconnecte les usagers de leur entourage et les immerge dans une réalité virtuelle.
Un monde où l’internaute se livre aisément à l’anonymat. Il peut facilement changer d’identité et aborder des sujets qui auparavant lui étaient inaccessibles. De crainte de s’impliquer dans la réalité, les «cyber-addicted» trouvent leur refuge dans la communauté binaire. «Je suis de nature timide. J’ai souvent du mal à me sociabiliser, grâce à Internet je me suis fait beaucoup d’amis», indique Hanae. Comme toute dépendance, la «cyber-addiction» peut se déclencher suite à une frustration que l’individu n’arrive pas à surmonter. «Je me suis livrée à Internet pour fuir mes problèmes familiaux et une rupture amoureuse», explique Amina. Cette «cyber-droguée» a trouvé la bonne écoute et la compassion via des conversations instantanées. «J’ai pu partager ma peine en toute tranquillité, sans que personne ne puisse dévoiler mon identité. Certes, cela m’a aidée à vaincre mes problèmes, mais en même temps m’a entraînée dans l’addiction», a-t-elle ajouté. Amina se voit impliquer dans une dépendance affective. À force de multiplier les amourettes «virtuelles» avec des partenaires de différentes nationalités, elle se trouve inapte d’entamer des relations sur terre réelle. «J’ai 37 ans et cela fait à peu près dix ans que je me suis engouffrée dans des amours virtuelles. Actuellement, je n’arrive pas à avoir une relation sérieuse avec quelqu’un de mon entourage. Je me vois toujours vivre dans le rêve», a t-elle affirmé. Consciente de sa situation, elle a essayé en vain de couper les ponts avec son ordinateur. «J’ai essayé à maintes reprises d’arrêter cette manie, mais je n’arrive pas. Parfois, je me réveille en pleine nuit rien que pour consulter ma boîte mail», souligne Amina. La notion de la «cyber-dépendance» est assez large. Entre achat compulsif, addiction communicationnelle et cyber-sexualité, les «cyber-addicted» se trouvent face à une nouvelle drogue.
Les conséquences de cette dépendance psychique peuvent être répertoriées sur plusieurs degrés. Manque d’initiative et de concentration, incapacité d’entreprendre des démarches, perte d’intérêt, affaiblissement relationnel et intellectuel sont remarqués chez les adeptes.
Cliniquement parlant, des troubles physiques apparaissent. Il s’agit d’amaigrissement, de troubles de sommeil ainsi que des douleurs cervicales et dorsales. Comme toute dépendance, la privation de ce comportement «addictif» introduit chez le «cyber-addicted» un sentiment d’anxiété, d’angoisse, de nervosité voire de dépression. Exceptée la Chine, la plupart des pays ne considèrent pas cette dépendance comme pathologie à part entière. Pourtant, une grande partie de la cyber-population est atteinte de ce syndrome. Un mal virtuel dont les symptômes font de lui la nouvelle maladie du troisième millénaire.

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