Il est conçu comme un outil de communication pour permettre à la langue amazighe d’accéder à l’université
Après avoir édité la première version en 2013, la Fondation Konrad-Adenauer vient de publier la seconde édition du «Vocabulaire amazighe moderne», rédigé par feu Mohamed Oudadess, poète et militant, et Lahcen Oulhaj, doyen et économiste confirmé. Fruit d’un croisement disciplinaire, d’une passion partagée, les auteurs de cet ouvrage l’ont conçu comme un outil de communication, pour permettre à l’amazigh, désormais consacré constitutionnellement en tant que langue officielle, d’accéder à l’université.
A vrai dire, cet ouvrage sur le vocabulaire de la langue amazighe est le fruit d’un travail qui a duré plus de trois ans. Il comporte en effet deux entrées : français-amazigh-arabe et amazigh-français-arabe. L’amazigh est transcrit à la fois en latin et en tifinagh. L’ouvrage s’adresse à tous les Amazighs car il est conçu dans une perspective de standardisation.
«Nous avons tiré profit, bien sûr, de travaux précurseurs, mais surtout des idées révélatrices, explicites ou implicites, de Mouloud Mammeri et Mohammed Chafik. Nous avons, cependant, pris des libertés. Notre souci a été de générer une forte dynamique de créativité. Une langue qui reste confinée, prisonnière, de moules figés ne peut être vivante et encore moins compétitive. Elle est appelée, tôt ou tard, à disparaître, et avec elle, son peuple (ses locuteurs) en tant qu’entité et en tant qu’identité. Cette tentative de standardisation, qui a également été conduite dans un esprit de systématisation, est certainement et forcément perfectible, surtout dans la constitution ou la reconstitution de toute la famille d’un mot», peut-on lire dans l’avant-propos de l’ouvrage. Ceci étant, le livre a consisté à chercher, dans cinq dictionnaires et lexiques élaborés durant la seconde moitié du 19ème siècle ou au début du 20ème, la racine verbale amazighe correspondant à chaque verbe rencontré dans le fonds lexical français fixé à l’avance.
«Tout ce que nous avons fait n’est donc que de l’ordre d’opérations de classification, distinction, organisation, systématisation et régularisation. Cela nous a semblé absolument nécessaire pour permettre à une langue rejetée dans l’oralité et l’usage quotidien, local et traditionnel, d’exprimer les abstractions d’une pensée moderne, complexe et subtile», expliquent les auteurs dans une note introductive. Sur la transcription de la langue amazighe, les auteurs notent en effet que l’emploi des caractères tifinagh n’étant pas encore généralisé, «nous avons choisi de présenter les termes amazighs avec les deux alphabets tifinagh et latin», indiquent-ils.