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La méthode Williams pour bien vivre (le court)

© D.R

Ce film est un biopic original non pas sur les deux soeurs Williams, prodiges du tennis mondial, mais sur leur père : Richard Williams dit King.

Avant même la naissance de ses filles, après avoir vu un match de Virginia Ruzici, une joueuse de tennis roumaine au sommet de sa carrière en 1978, Richard annonça à sa femme Oracene qu’ils auraient deux filles qui deviendraient des championnes de tennis. Oracene avait déjà trois filles d’un précédent mariage mais les deux filles naquirent effectivement. Richard rédigea un plan de 78 pages décrivant l’entraînement de Vénus et Serena qui commença à l’âge de quatre ans et demi. Il fut l’entraîneur persévérant de ses filles dans le comté de Compton, à trente minutes à peine de Los Angeles. Dans cette banlieue, tout n’est pas rose et le père Williams se prendra de nombreux coups, simplement pour avoir accès à un court de tennis. Un gang ne l’épargne pas. Au-delà de son courage et sa persévérance, l’homme force l’admiration parce qu’il refuse d’être catalogué comme «le négro de service». Il travaille d’arrache-pied et enchaîne son travail de nuit avec les entraînements de ses filles. Sa famille n’est pas en reste, sa femme Oracene continue d’entraîner Serena quand Venus, seule, est entraînée par un coach professionnel. Les soeurs aussi ne sont pas en reste : elles distribuent des annuaires pour arrondir les fins de mois de la famille modeste mais déterminée.

Un scénario sur la famille

Le film, réalisé par Reinaldo Marcus Green, insiste sur le rêve américain. Pourtant, le film n’oublie pas de montrer la violence urbaine et le racisme régnant dans la plupart des villes étasuniennes de cette époque. Toutes les petites filles n’ont pas la chance des soeurs Williams et certaines sont violentées, tombent dans la drogue ou l’emprise des gangs. La famille, personnage central du film, pourra, parfois, être un rempart contre un monde de brutes. Comme l’indique Will Smith, qui joue le rôle central de King Williams, «ce n’est pas vraiment un film sur le tennis – c’est un film sur la famille, sur la confiance en l’autre, sur l’amour qui triomphe de nombreux obstacles. C’est sans doute paradoxal, mais voilà un film qui parle de deux championnes de tennis, parmi les plus célèbres au monde, mais dont le tennis n’est que le sixième sujet par ordre d’importance».

Will Smith attire la lumière

Pour ce rôle, la star hollywoodienne devait porter toutes une série de prothèses élaborées par la maquilleuse Judy Murdock et le prothésiste Kentaro Yano. Finalement, en accord avec la famille Williams, seules des retouches artificielles au niveau des sourcils et des oreilles ont été faites.  Au final, les shorts serrés et ses chaussettes montantes seront plus utiles pour camper le rôle de King Williams. Smith rentre bien dans la peau de ce père flirtant entre talent, génie et folie. Ses entraînements sont durs. King est même dénoncé par une voisine pour avoir maintenu une séance sous la pluie battante. Après une visite des services sociaux, les revers et les coups droits reprennent comme avant, en insistant, encore et encore, sur les appuis cruciaux pour que les balles gagnent en puissance et pourfendent le court. Serait-ce là la fameuse méthode Williams ? Peut-être ! Après tout, les grandes destinées se jouent sur ce genre de détails. La loi de King est dure mais c’est sa loi. Il sera parfois freiné mais tiendra bon et ses filles accéderont finalement au plus haut niveau du tennis mondial.

Un père magnifique dans l’ombre

Les jeunes actrices qui interprètent Vénus (Saniyya Sidney) et Serena (Demi Singleton) Williams sont très talentueuses et la complicité avec Smith fonctionne parfaitement. Bien sûr, l’une et l’autre ont suivi des cours de tennis. Les aces font illusion et les spectateurs apprécieront de suivre le match final de Vénus. Les deux entraîneurs historiques des soeurs W i l l i a m s sont brill amme n t interprétés.

Paul Cohen (Tony Goldwyn) apporte un premier recul professionnel et Rick Macci (Jon Bernthal) sortira la famille de ses problèmes d’argent pour faire accéder les joueuses au niveau national. Pourtant, les deux n’arrivent pas, même un instant, à la hauteur du papa-coach. Et, ce qui vaut pour King vaut pour Smith. Tout son talent est d’avoir transcrit cette foi paternelle dans les yeux d u héros. Force est de reconnaître que cela fonctionne et chacun retient son souffle avec ce père, anxieux et fier, faisant les cent pas dans l’antichambre du court. Attendre, confiant, dans l’ombre pour ne pas mettre la pression : c’est sans doute là que se joue le rôle de ce père génial. Le rôle de tout père, au final.

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