Culture

La nouvelle quête du Graal

Entre anges et démons, la course est lancée. Le nouveau créneau des réalisateurs sème le doute dans les esprits et, à force de révélations, les convoitises autour de Jésus prennent un tournant plus commercial que mystique. Un contexte qui semble avoir rendu service au réalisateur de «Terminator» et de «Titanic», James Cameron.
Après une longue éclipse, le réalisateur est réapparu, lundi 26 février avec un «cadeau» sous les bras. Et pas des moindres, d’ailleurs, puisqu’il s’agissait des ossuaires provenant de la tombe de Jésus où son corps a reposé ainsi que celui de Marie Madeleine et leur fils également Judas. Surprise générale face à ce que James Cameron présente comme «matrice» de son nouveau documentaire. Question marketing ou véritable trouvaille ? Difficile de trancher surtout lorsque le but reste avant tout le succès d’une production. Un mobile que voient d’un mauvais œil les érudits de l’histoire. Certains jugent déjà que James Cameron n’a aucun fondement pour prouver la véracité de ce qu’il avance et montre comme étant une partie de la tombe perdue de Jésus.
Pourtant, James n’était pas tout seul à présenter sa découverte. Il était entouré de toute une équipe d’universitaires et d’archéologues dont le rôle était clair: attester la crédibilité des preuves. James et son équipe ont ainsi avancé, lors d’une conférence très médiatisée à la New York Public Library, que les deux ossuaires en pierre, qu’ils sont venus présenter au public, appartiennent à un groupe de dix autres découverts en 1980 sur un chantier à Talpiot au sud de Jérusalem. James Cameron a même tenu à préciser que sur bon nombre de ces ossuaires figuraient les inscriptions suivantes : «Jésus», «Marie Madeleine» et «Judas, fils de Jésus». Et d’ajouter que ce ne sont là que «les prémices d’une enquête qui va se poursuivre». Donc, l’histoire que devra révéler la production de James Cameron ne fait que commencer et cela suscite déjà un engouement mondial pour ce documentaire intitulé «Le tombeau perdu de Jésus» que réalise l’Israélien Simcha Jacobovici.
Ce documentaire cherche à confirmer la thèse que Jésus serait enterré aux côtés de Marie-Madeleine et de Judas. Ce qui veut dire, autrement, qu’il s’agit de remettre en question la croyance chrétienne prônant la résurrection de Jésus et son ascension au ciel. Et face à cette quête, James Cameron se montre très confiant : «En tant que documentariste, je ne dois pas avoir peur de chercher la vérité. (…) Je sais qu’on va dire que l’on tente de saper le christianisme. C’est loin d’être le cas. Cette enquête salue l’existence réelle de ces personnes». Difficile de se défendre par un simple jeu de mots pour prévenir une tempête inéluctable. Et elle ne s’est pas fait attendre, car, des archéologues ont déjà dénoncé le projet du film, dont la sortie n’a pas encore été fixée. L’archéologue israélien Amos Kloner clame haut et fort qu’il n’y a pas «de preuve scientifique» apportée par le documentaire. D’après lui, ce caveau de 2.000 ans, lieu de la découverte, contenait de simples cercueils ayant appartenu à une famille juive. Et fait du hasard : les noms des membres de cette famille étaient analogues à ceux de Jésus et de ses proches.
Et du côté clergé, l’attaque est plus virulente. Le pasteur Rob Schenck, président du Conseil national du Clergé, qualifie le documentaire de «fiction hollywoodienne déguisée en fait scientifique». Et de poursuivre qu’en « affirmant que les restes de Jésus sont redevenus poussière, avec ceux de membres de sa famille, le cinéaste hollywoodien nie la divinité du fils de Dieu et sa victoire sur la mort. James Cameron veut clairement planter un pieu dans le coeur du christianisme».
Voilà qui donne un avant-goût de ce que cette production devra, fatalement, enclencher d’ici la fin de son tournage, entamé à peine le 27 février. La polémique risque d’être énorme et c’est cela qui nourrit la curiosité du public et remplit les caisses des producteurs de Hollywood. Vous avez été très nombreux à vous mettre en file pour regarder «The Da Vinci code», l’année dernière. Une polémique similaire mettant au centre, encore une fois, la présence physique de Jésus. De mystérieux symboles qui font plus que capter l’attention, mais pousser à la découverte de signes dissimulés dans les fresques de Léonard de Vinci. Le livre de Dan Brown (2003), adapté au cinéma par Ron Howard, tourne autour d’indices qui tracent tous le même chemin menant vers une organisation religieuse où les moyens les plus cruels sont utilisés pour protéger un secret capable de détruire un dogme deux fois millénaire.  L’histoire tournait donc autour de ces codes qui allaient changer les fondements mêmes de l’humanité. L’hypothèse selon laquelle Marie-Madeleine aurait eu un fils avec Jésus devenait le fil conducteur de tout le mystère.  Un bon filon qu’a flairé Hollywood depuis des années. D’ailleurs, le tombeau de Jésus a déjà suscité la convoitise des producteurs. En 2001, c’était le réalisateur Jonas Mc Cord qui avait sorti un film autour de la découverte d’une sépulture d’un corps crucifié, celui de Jésus. Aujourd’hui, rebelotte !

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