Culture

La nouvelle vague du théâtre marocain

© D.R

Les jeunes professionnels du théâtre sont déterminés à innover la pratique de l’art dramatique au Maroc. C’est la tendance qui s’est dégagée, mardi soir, à travers la représentation de la pièce « Attanin » par la troupe « Les Quatre saisons» au Théâtre national Mohammed V. Constituée de jeunes enseignants à l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac), cette troupe a confirmé la nouvelle orientation que les jeunes professionnels de la scène veulent donner à l’exercice théâtral au Maroc. Cette orientation se traduit par une volonté commune d’explorer de nouvelles voies de l’art dramatique, avec tout ce que cela implique en termes d’expérimentation, de recherche et de difficultés.
Difficultés que Noureddine Zioual a reconnues, du moins en ce qui concerne la mise en scène de la pièce « Attanin ». « Cette pièce fait partie de ces textes dramatiques qui font du travail sur la langue un souci principal (…) d’où la difficulté à le porter sur scène », nous dit M. Zioual. La question est de savoir comment donner forme à une langue qui constitue le noyau dur de pièce, tant et si bien qu’elle se transforme en personnage principal. D’où il ressort, nous explique Bachir Qamari, auteur du texte, la nécessité « de faire l’économie des personnages ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le metteur en scène s’est contenté de deux personnages, incarnés par Ilham Loulidi El Youssoufi et Abdelkader Bouzid.
Le rôle joué par ces deux comédiens a été en quelque sorte “bouffé” par la domination du texte, ce qui rejoint ce choix de faire de la langue un « personnage principal ». Dans la pièce, les personnages, deux maris en désaccord (existentiel), ne sont que de simples « numéros » dans une arithmétique qui les dépasse. Ce n’est pas fortuit si leur existence s’est réduite à l’indéfini : « Lui» et « Elle ». Ce qui nous édifie sur un univers où l’humain devient l’équivalent de l’anonymat. Voilà un a priori que l’auteur du texte semble avoir privilégié, et que le metteur en scène a tenu à respecter à ses risques et périls. La direction des comédiens en a pratiquement pâti, ce qui devrait engager le metteur en scène à revoir sa copie pour faire plus de places au jeu des comédiens.
Autre remarque qui vient confirmer l’hésitation remarquée au niveau de l’interprétation, la non-concordance entre le personnage de l’époux et la scénographie. Aliéné, paraît-il, par le monde autour de lui, il veut se rattraper sur le registre de la peinture, en projetant ses états d’âme sur la surface de sa toile. Or, les personnages d’« Attanin », censés être son « double» sur la toile, ne sont pas à l’image du personnage qu’il interprète. D’où, cohérence oblige, la nécessité de revoir là encore sa copie. Malgré tout, le spectacle garde plusieurs atouts qu’il suffit de développer pour le perfectionner. On pense particulièrement à l’excellente scénographie, portant la signature de Driss Snoussi. Un véritable bijou pictural, qui confirme le talent d’un jeune scénographe prometteur.
En somme, pour une première représentation, le travail mérite d’être salué. D’autant plus que c’est un travail de recherche, qui vient changer l’idée d’un théâtre ayant fait son temps et dont le bavardage fut le pain béni.
Vivement donc un nouveau théâtre…

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