Le titre du livre, « La poterie féminine au Maroc », ne correspond pas à son contenu. Le livre ne porte pas en effet sur toute la poterie féminine au Maroc, mais essentiellement sur la pratique de cet art dans le Rif. Le livre s’ouvre sur l’histoire du Rif, ses particularités.
L’auteur a effectué un travail de fond avant de collecter la matière de son livre. Il a effectivement photographié et répertorié les types de poteries fabriquées dans le Rif. À cet égard, son livre est intéressant autant par les documents iconographiques que par le texte. C’est un travail qui participe à la fois de l’anthropologie et de l’esthétique. Selon Moulim El Aroussi, qui est le préfacier du livre, Hammad Berrada s’est beaucoup intéressé à la plasticité des poteries répertoriées. Il s’est attaché à la description de leurs formes. Il a également interrogé les symboles et les dessins qui ornent ses poteries. Chaque tribu du Rif a des dessins qui lui sont propres. Certaines poteries sont ornées de façon conforme aux tatouages des femmes qui les fabriquent.
Ce livre est malheureusement sous-tendu par une interrogation sur la pérennité de la fabrication des poteries. C’est un métier menacé de déperdition. Les jeunes filles ne veulent plus apprendre de leurs mères un savoir-faire qu’elles se transmettent depuis des générations. Le livre de Berrada est intéressant dans la mesure où le fonds photographique constitue la mémoire d’un art menacé.
Au reste, la fonctionnalité caractérise la plupart de ces poteries brutes. Il y a des braseros ou des kasrias. La fonctionnalité de ces pièces est rudement concurrencée par le plastique et l’aluminium. Leur introduction dans les ménages éloigne de plus en plus les femmes des fours. Le livre de Hammad Berrada tire certes la sonnette d’alarme sur un art menacé de déperdition, mais sans cesser de souligner l’esthétique des pièces en poterie qui invite à leur préservation.