Culture

Lahcen Zinoun, adieu Maître !

© D.R

Le célèbre chorégraphe, metteur en scène et réalisateur, Lahcen Zinoun, nous a quittés mardi 16 janvier à Casablanca. Plusieurs acteurs de la scène culturelle ont exprimé leur affliction suite à son décès.

Il souffrait depuis un certain temps. Il a malheureusement passé l’arme à gauche. Le grand artiste multidisciplinaire Lahcen Zinoun a quitté la scène culturelle à l’âge de 80 ans. À l’annonce de sa disparition, plusieurs personnalités culturelles et artistiques ont rendu hommage et exprimé leur tristesse sur les réseaux sociaux, tout en tenant à saluer son parcours acharné. «Je crois que les danseurs n’aiment pas les chutes, sauf celles qui sont programmées, celles qu’ils ont prévues dans leur danse. Un danseur, c’est fait pour être bien debout, bien droit, sauter en l’air, se coucher par terre, mais pas tomber. Tomber, c’est fait pour les gens normaux, comme nous, pas pour les étoiles. Et Lahcen Zinoun n’était pas seulement une étoile qui brillait de mille feux, c’était une planète qui nous éclairait, qui nous illuminait, qui voulait même parfois nous remettre sur selle, nous guider sur le bon chemin de la droiture», témoigne le chroniqueur et critique de cinéma Mohamed Laâroussi. Pour sa part, l’autrice Meriem Hadj Hamou a rendu hommage à cette grande figure. Elle écrit : «Lahcen Zinoun est allé rejoindre les étoiles, là où était sa vraie place. Sa grâce va nous manquer, tout comme nous manque déjà toute cette époque pleine de beauté et d’artistes pleinement engagés. Il était mon professeur de danse ainsi que son épouse à une époque très lointaine. Je n’étais qu’une enfant et il était l’incarnation de la rigueur pour accéder au rêve». De son côté, le réalisateur Mohamed Nadif atteste : «Zinoun, un grand artiste qui a eu une grande carrière de danseur étoile, chorégraphe et réalisateur. Et une belle vie, originale, faite de détermination, de force et de créativité». La chanteuse Karima Skali, quant à elle, a eu ses mots : «Dieu ait son âme ! Le grand artiste était comme un frère cher à mon cœur, une âme belle, délicate, stricte, dansante, débordante de créativité, comme s’il était l’arbre des quatre arts».

Artiste multidisciplinaire hors pair
A hauteur de ses dix années d’existence à peine, Lahcen Zinoun a été absorbé par la danse. Cet art qu’il a découvert par une porte entrebâillée du conservatoire municipal de Casablanca. Dans cet endroit, il a reçu le premier prix de danse en 1964. Poursuivant sa formation à Bruxelles, il a étudié au conservatoire de danse de cette ville et suivi les cours de Sana Dolsky. Sa carrière de danseur étoile l’a amené à collaborer avec des chorégraphes de renom tels que George Skibine, Peter Van Dijk et Jorge Lefebre. En 1978, lui et sa femme ont fondé une école de danse et la compagnie «Ballet théâtre Zinoun» qui compte de nombreux lauréats. Également attiré par le 7ème art, le regretté a travaillé en tant que chorégraphe sur de nombreux films à l’instar de «La Dernière Tentation du Christ» de Martin Scorsese, «Un thé au Sahara» de Bernardo Bertolucci, «Les Beaux Jours de Shéhérazade» de Mostafa Derkaoui, «L’Ombre du pharaon» de Souheil Ben Barka, «Joseph de Robert» Young, «Moïse de Roger Young», «Les Larmes du regret» de Hassan El Moufti, «Femme et Femme» de Saâd Chraïbi, «Titre provisoire» de Mostafa Derkaoui, «Mona Saber» d’Abdelhaï Laraki et «Jouhara» de Saâd Chraïbi. En 1991, il a réalisé son premier court-métrage, «Flagrant délire», suivi de trois autres courts métrages : «Silence» en 2001, «Piano» en 2002 et «Faux pas» en 2003. En 2021, le défunt a publié sa biographie «Le rêve interdit» chez la maison d’édition belgo-marocaine «Maha Éditions». Malgré les obstacles culturels qu’il a dû surmonter au fil de son parcours, Lahcen Zinoun a continué de briller dans différents domaines artistiques. D’ailleurs, il s’est engagé au cours de sa carrière dans plusieurs projets destinés à protéger la richesse patrimoniale du Maroc, en luttant contre la perdition des danses traditionnelles à travers de nombreuses initiatives innovantes.

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