Culture

Lamia Naji, une poète de la photo

© D.R

Sa force réside dans son extrême sensibilité. La musicalité de ses œuvres est le silence. Son langage, c’est l’image, mais ç’aurait pu être un autre mode d’expression. Peu importe, la poésie est là partout dans ses photographies : la profondeur au milieu des choses superficielles de la vie, l’espoir au milieu des ruines, une présence au milieu du vide. Chez Lamia Naji, les extrêmes se touchent, les contrastes cohabitent et se répondent. Cette jeune femme discrète, fille d’une mère française et d’un père marocain, livre à travers ses photos son émotion, sa vie, son deuil, sa quête spirituelle et son désir d’universalité. Bien que ses études initiales en commerce la prédestinaient à une carrière de comptable ou de commerciale, le besoin vital d’expression de Lamia Naji la conduit à devenir artiste, «qu’importe le médium», dit-elle. Et elle choisit l’art de la photo influencée par son cousin qui n’est autre que Touhami Nader, l’un des artistes photographes marocains les plus reconnus à l’échelle internationale. Ainsi, le parcours artistique et initiatique de Lamia Naji commence par sa détermination. Son premier vrai travail photographique, dédié aux Casbah dans le Maroc, lui a valu l’octroi en 1994 par l’Unesco d’une bourse pour une résidence de six mois en Italie à Turin.
S’enchaînent alors prix, bourses d’études, ateliers, résidences d’artistes et expositions dans plusieurs métropoles culturelles du monde. Et tout au long de son parcours, l’expression et la démarche artistique de Lamia Naji ne cessent d’évoluer et ce au grès des rencontres, des voyages mais aussi des bouleversements de sa vie. Son travail au début de sa carrière de photographe était en noir et blanc, exprimant «une dualité, un désir de sortir de la confusion», une quête identitaire vue qu’elle est issue d’un mariage mixte, «appartenant aux deux rives, ou ni de l’une ni de l’autre», comme elle se définit elle même. Et après un travail sur le Maroc sur des lieux chargés d’histoire, sa recherche spirituelle s’exercera dans des contextes plus modernes notamment en Italie et à Roterdam ainsi qu’en Espagne où elle réalise, une série de photos consacrée aux boîtes de nuit madrilènes.
Elle voit en ces lieux de divertissement la quête identitaire de personnes solitaires et anonymes qui cherchent à être coupées de leur quotidien, à trouver l’amour et à appartenir le temps d’une nuit à un groupe. Et selon elle, son travail sur les boîtes madrilènes rejoint celui sur la transe gnaouie où il est aussi question de la quête d’un ailleurs, d’une recherche spirituelle, d’un état supérieur qui peut également être l’amour. En 2003, la vie de Lamia Naji se voit bouleversé par la mort tragique de son bien-aimé dans un accident de voiture. Survient alors une longue période de reconstruction à l’issue de laquelle elle réalise son exposition «Vertigo» où elle montre à travers des photos, récit de voyage et d’errance, les différentes étapes de son deuil.
Un travail exposé à la Galerie Shart du 10 février au 7 mars 2009. A propos de cette période de reconstruction, elle dit tout en poésie: «On passe par une multitudes d’étape, mais cela n’empêche pas qu’on ait un vertige à chacune d’elle».
Par ailleurs, Lamia Naji représentera le Maroc aux côtés du photographe Khalil Nemmaoui à la biennale des images du monde à Paris qui aura lieu du 22 septembre au 22 novembre prochain au Musée parisien du Quai Branly. Représentée par la Galerie El Maersa de Tunis, elle participera également à l’événement Paris Photo, premier rendez-vous mondial pour la photographie du 19 au 22 novembre 2009 au Carrousel du Louvre.

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