Culture

Le 16ème SIEL, entre gloire et déboires

© D.R

Chaque année le Salon international de l’édition et du livre insuffle un nouveau souffle à l’industrie du livre national. Ils étaient plus de 400.000 visiteurs cette année. Un chiffre rassurant même s’il est en baisse comparé aux précédentes éditions (500.000 en 2008). «Je considère que les conditions atmosphériques n’ont pas été aussi favorables que lors des précédentes éditions. Mais la qualité et l’intérêt des adultes et des jeunes pour le livre est grandissant», souligne M. Retnani, directeur des Éditions «Croisées des chemins». La particularité de ce salon, organisé cette année par le ministère de la Culture en partenariat avec le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger et le Conseil consultatif des Marocains à l’étranger, est que ces deux derniers ont invité plus de 200 conférenciers, concernant l’émigration. Également toute la presse et les médias nationaux (une centaine de journalistes) ont été présents à ce rendez-vous participant ainsi le temps d’une semaine à la promotion du livre. Sur le plan de l’organisation, les exposants ont exprimé leur satisfaction quant à l’animation culturelle, les rencontres et débats tenus au Salon, ou encore le personnel et la propreté. Mais il y a des hics. «On déplore le fait que les organisateurs ne nous aient pas consulté pour l’organisation des tables rondes, notamment pour qu’elles s’inscrivent aussi autour des livres que nous publions. A ce niveau le salon s’est passé comme si nous n’existions pas», a souligné Rachid Chraïbi, directeur des Éditions Marsam qui publient en moyenne 30 à 40 livres par an. Et d’ajouter : «Les thématiques étaient de très bonne qualité, mais elles ne servaient pas la promotion de nos nouveaux livres et de nos auteurs». Concernant le montant des stands, celui-ci varie entre 12.000 et 150.000 DH. «Le montant des stands est assez élevé relativement à nos ventes au SIEL cette année. Ces dernières couvrent à peine les frais du personnel et du stand. C’est comme si on offrait nos ouvrages gratuitement», a expliqué M.Chraïbi dont le stand de18 m2 coûte à 12.000 DH. Toutefois, pour lui, l’expérience du SIEL est toujours très riche, intéressante et passionnante. Et le Marocain et la lecture? «On dit que les Marocains ne lisent pas. Mais ils lisent, c’est juste qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter les livres», a expliqué Mme Hachimi Alaoui de la maison d’édition Yanbou Al Kitab.
Cette dernière a tenté une expérience durant cette 16ème édition du SIEL :  liquider un stock de livres de 50 DH, les vendre à perte à un prix de 10 DH. Et le résultat est surprenant : 1000 livres durant l’avant dernier jour du SIEL et une moyenne de 200 livres par jour durant les dix jours de l’événement. Le problème, selon Mme Hachimi Alaoui, c’est qu’il faut mettre le livre à la portée du lecteur marocain. «80% des Marocains n’ont pas les moyens d’acheter les livres. Il faut subventionner les éditeurs pour qu’ils puissent éditer des livres de bonne qualité». Et de préciser : «Pour la première fois cette année, on paye notre partie du stand partagé avec la librairie Carrefour des livres et qui nous a coûté 6500 DH, 9m2». Par ailleurs, pour un observateur étranger, une personne du stand de l’ambassade de la France :  «Les Marocains ne lisent pas, ou lisent très peu», il n’y a qu’à voir les groupes d’élèves qui visitent le Salon : «Je trouve que les enseignants encadrent très mal les élèves. C’est vraiment dommage parce que les élèves sont venus ici, ça ne leur a strictement servi à rien». Et d’ajouter : «On ne leur demande pas d’acheter des livres ni des abonnements, on leur demande simplement de s’intéresser au livre. Mais malheureusement les enseignants  laissent les élèves livrés à eux-mêmes. Ils leur donnent deux minutes pour faire le tour du stand. On ne leur pose pas de questions. Les enfants ne savent pas ce que c’est qu’un livre, ce que c’est qu’un magazine… Ceux qui ont 15 ans vont taper dans du 2 ans d’âge, les enfant de 7 ans fouillent dans des revues spécialisées… c’est vraiment dommage». S’agissant de l’organisation du Salon, cette dame indique que le personnel est très bien, la propreté parfaite, et qu’à travers les rencontres et les tables rondes tenues cette année, le SIEL 2010 est meilleur et «fait moins «foire» que l’année précédente». Elle déplore toutefois le résultat de ses ventes qui est de moitié par rapport à celui du SIEL2009.


Le ministère de la Culture et ses déboires avec ses intervenants

Par ailleurs, cette édition a également connu quelques déboires du ministère de la Culture avec les intervenants et animateurs qui ont participé aux rencontres.
Selon la presse nationale, les 1000 DH de rétribution pour couvrir leurs frais de déplacement ou d’hébergement ne leur ont pas été versés durant la tenue du SIEL comme ce qui se faisait lors des précédentes éditions. Cela a créé une réelle confusion dans l’organisation de ces rencontres du ministère, ainsi que des absences de certains intellectuels. Toute-fois, une semaine après la clôture du SIEL, le ministère vient de communiquer sa disposition à rembourser tous les intervenants par virement bancaire, ce qui est une nouvelle forme de paiement lors de cette édition selon un récent communiqué du ministère.

 

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