La mort du cinéaste Ahmed Yachfine, survenue la veille de l’Aïd, a attristé tous les amoureux du 7ème art. Ahmed Yachfine n’était pas un réalisateur prolifique. Il a réalisé deux longs-métrages seulement.
Ahmed Yachfine est né à Casablanca en 1948. Il est docteur ès lettres. La littérature nourrissait ses films. La présence de la littérature dans le cinéma d’Ahmed Yachfine est manifeste dans le film qui l’a introduit sur la scène nationale en tant que cinéaste: «Cauchemar».
Ce film raconte en effet les péripéties d’un somnambule qui plonge dans les années 40. Le rêve se mêle à la réalité et le résultat ne cesse d’évoquer les romantiques allemands et surtout le poète français Gérard de Nerval qui écrit que «le rêve est une seconde vie». Ce film de Yachfine n’a rien de surréaliste, puisque le rêve a autant de poids que la réalité, il donne même du sens à la vie réelle.
Ce film a remporté 3 prix au 2ème festival du film national de Casablanca en 1984 : Prix de l’Image, Prix du Décor et Prix du Public. Pour son second long-métrage «Khayfa» (1995), Ahmed Yachfine a opté pour un casting prestigieux avec des interprètes comme Abdelwahab Doukkali, Larbi Batma, Mohamed Miftah et Souad Saber.
Ce film décrit la confrontation de deux modèles féminins et laisse la conscience sociale juge de leur affrontement. Ahmed Yachfine était un cinéaste discret, il vivait à l’écart du milieu des cinéastes et des polémiques autour du cinéma marocain. Il aimait beaucoup les chansons de Abdelhalim Hafid, le cinéma américain et faisait peu de cas des films français.
Sa mort prive ses amis d’un fin esthète et d’un grand poète. Il a laissé une fille de 14 ans et plusieurs poèmes inédits.