Culture

Le festival d’Essaouira aura lieu

Va-t-il avoir lieu ou non ? C’est désormais la question qui pèse sur plusieurs festivals au Maroc. Après l’annulation du festival de Casablanca, c’est celui d’Essaouira Gnaoua Musiques du monde qui a failli intégrer la liste des il était une fois un festival… Les raisons sont à chaque fois les mêmes : pas assez d’argent. Nombre de festivals dans notre pays ne peuvent pas compter sur les ventes de billets pour s’assurer des revenus. Ils sont gratuits. Ce qui nécessite à chaque fois une bataille ardue pour trouver des sponsors. L’Etat ne marque pas de son côté une réelle volonté pour financer les événements culturels. Il estime que l’argent public doit être dépensé dans des secteurs prioritaires. La culture étant considérée comme une activité superflue dans notre pays… C’est ainsi que les institutions publiques n’ont pas marqué d’empressement pour s’engager financièrement dans le festival d’Essaouira.
Neïla Tazi, directrice du festival, dément à cet égard les rumeurs avançant que c’est l’incapacité de la ville à accueillir des milliers de personnes qui soit à l’origine de la réflexion d’annuler ou reporter le festival. Ce sont les fonds qui ont fait défaut. Elle estime d’ailleurs qu’il ne sera plus possible de travailler dans les mêmes conditions l’année prochaine. «Ã‡a relève du militantisme. Il est vrai que c’est bien de s’engager pour l’image du pays, et on l’a fait jusque-là. Mais on ne prendra pas de risque l’année prochaine si l’on n’est pas fixé sur le budget». Voilà pour la lourde menace qui rend aléatoire l’organisation de la prochaine édition du festival d’Essaouira. Le budget de l’édition de cette année a été tant bien que mal bouclé, et il permettra à des milliers de personnes de vivre aux rythmes des crotales et du hajjouj du 13 au 16 juin 2002. De grands maâlems sont attendus cette année. Il y aura les maîtres incontestés de la musique gnaoua, ceux qui pratiquent cette musique pour des fins cathartiques. À leur tête, le maâlem Mahmoud Guinea. Voir ce maâlem se produire sur scène est à chaque fois un moment intense qui porte à la transe même les personnes qui croient le moins aux rites de possession qui fondent la musique gnaoua. Il y aura également le gnaoui de Nass El Ghiwane Abderrahman Pacca.
D’autres maâlems, habitués du festival, seront également présents. En ce qui concerne les musiciens étrangers invités cette année, en tête d’affiche, on trouve la diva malienne native de Bamako, Oumou Sangaré. Son nom scintille parmi les grands de la chanson africaine. Elle doit cette réputation à une voix incomparablement puissante en même temps que suave. Le timbre chaud de sa voix promet des moments inoubliables aux assistants. La Malienne chante souvent en compagnie de deux choristes qui utilisent des calebasses en bois. Ces calebasses portent des pendentifs en ivoire qui résonnent au contact du bois. Parions que le mariage de ces calebasses avec les crotales des musiciens gnaouas produira un effet des plus heureux. L’autre grand invité de cette édition est le batteur Jamey haddad.
Ce dernier occupe une place unique dans le monde du jazz et de la musique contemporaine. Il a enregistré avec les grands noms du jazz et de la chanson contemporaine : Joe Lovano, Paul Simon et Simon Shaheen entre autres. Autant de noms qui réussiront à faire oublier les menaces qui rendent incertaines la tenue de ce festival l’année prochaine. Mais pour l’heure, le moment est à la fête, et celle-ci doit être assez grandiose pour affermir la volonté de ceux qui hésitent encore à assurer la pérennité de ce festival.

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