Culture

Le géant d’Erfoud, montré à Casa

© D.R

Rarement, l’on aura vu une aussi belle expo au Maroc. Le genre d’expositions qui provoquent d’interminables files d’attentes, ailleurs. A peine le seuil de la porte de la Villa des Arts franchi que la surprise s’empare du visiteur. Des maquettes, dessins, esquisses, représentant un tronc d’arbre totémique, une momie sur une embarcation pharaonique ou une figure à la géométrie tranchante, plongent à brûle-pourpoint le spectateur dans un univers plastique inaccoutumé. Les photographies de la compagne de l’artiste, Ingrid Amslinger, permettent de se saisir du gigantisme des oeuvres de l’Allemand Hannsjörg Voth. Elles participent du “land art”. Cette forme d’art désigne les interventions d’artistes contemporains dans des sites naturels. Impossible de déplacer les oeuvres participant du land art du lieu où elles ont été élevées. C’est pour cela que les esquisses, maquettes et photographies sont les seuls moyens de circulation de ces oeuvres. Le visiteur monte à l’étage supérieur, et il est saisi par un choc. Toutes les oeuvres exposées à l’étage ont été réalisées au Maroc. Elles ont fondé la réputation internationale de Voth. L’histoire de l’artiste allemand avec le Maroc est le pur fruit d’un hasard mouillé. Le désert, comme l’a souligné l’écrivain espagnol Emmanuel Borja dans son beau texte de présentation, est propice à “l’isolement mystique et à la révélation prophétique“. Cette révélation s’est opérée dans le sud-est du Maroc. Ceux qui aiment les anecdotes apprécieront, sans doute, la façon inopinée dont elle s’est produite. Déçu de n’avoir pas trouvé une terre favorable à ses projets en Espagne, Hannsjörg Voth a continué son chemin jusqu’au Maroc. Il voulait se reposer. Il a parcouru le sud du Maroc dans une 4 x 4. Un jour. Pressé par un besoin impératif, il a arrêté son véhicule dans la région d’Erfoud. Voth ne fait pas partie des hommes qui suivent du regard la chute de leurs urines, lorsqu’ils se tiennent debout. Il préfère laisser son regard se perdre dans l’étendue du paysage. L’histoire du nez de Cléopâtre et de la face du monde qui pouvait en être changée, ne fonctionne pas avec Hannsjörg Voth. Personne ne peut déplorer que cet artiste regarde vers le bas quand il arrose une terre aride. Grâce lui soit rendue, parce que la face de la région d’Erfoud en a été changée. En regardant le désert, Voth a eu une illumination. Eurêka ! Il a trouvé le cadre dont il rêvait depuis très longtemps pour ses constructions. Des constructions parmi les plus importantes au monde. La dernière en date, la “Cité d’Orion“, est une ville perdue dans le désert. Une cité mythique qui rappelle l’utopie de l’architecture pure. La reconstitution de “la Cité d’Orion“ est particulièrement réussie à la Villa des Arts. Les différents bâtiments de la cité sont dressés à l’aide du carton renforcé. Du sable recouvre la surface de la pièce où ils sont montrés. Les deux autres oeuvres s’intitulent respectivement “L’escalier céleste“ et “La spirale en or“. Haut de 16 mètres, “L’escalier céleste” constitue un ouvrage parmi les plus représentatifs du faire de Voth. Il exprime son inclination pour la chose ancienne. La vision de cet escalier renvoie immédiatement le spectateur à l’Histoire. Pas à n’importe quelle époque, mais à celle où les hommes ne se distinguaient pas clairement des dieux, où ils pouvaient toucher dieu, où ils s’érigeaient en dieux. Cette oeuvre ne peut s’appréhender indépendamment du soleil. Les escaliers y dessinent des scies lorsqu’ils sont éclairés à certains moments de la journée. Il arrive souvent que des bergers se reposent à l’ombre de l’escalier céleste. “La spirale en or“ mesure pour sa part 60 x 97 mètres. Ce mur, qui a la forme d’un escargot, s’appréhende en seule fois, uniquement par une vue aérienne. “La spirale en or“ ressemble à quelques vestiges des civilisations anciennes, friandes de géométries strictes. L’importante exposition de la Villa des Arts a été d’abord montrée à l’Institut d’art moderne de Valence (IVAM). Elle n’aurait pu être accueillie à Casablanca sans la conjonction des efforts de plusieurs partenaires : l’ambassade de la république fédérale d’Allemagne, le Goethe institut, l’IVAM et la Villa ses Arts, et la fondation ONA. C’est une exposition de rêve. Il ne faut pas passer à côté.

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