«Le lecteur marocain ne connaît pas très bien le livre numérique»

Abdelmounaime Sami Cofondateur des Editions Le Manifeste

ALM : Les Éditions Le Manifeste viennent de lancer sur les réseaux sociaux une campagne nationale #consommonslelivremarocain, quel est l’objectif de cette initiative ?
Abdelmounaime Sami : Notre objectif à travers cette initiative est de sensibiliser les citoyens à l’importance de consommer des livres marocains. Nous espérons mobiliser d’une part les pouvoirs publics à soutenir les auteur(e)s, les éditeurs et les libraires à jouer leur rôle dans la société, et d’autre part les citoyens à l’importance de consommer des livres édités par les maisons d’édition marocaines qui traversent une crise importante. Je lance également un appel aux éditeurs marocains pour qu’on s’organise et défende le livre marocain.

Quelle évaluation faites-vous de l’état actuel de l’industrie du livre ?
Il y a une vraie crise du marché du livre au Maroc. Une crise qui touche toute la chaîne de production du livre, à savoir l’auteur, l’éditeur, la distribution et puis le lecteur. Ce dernier maillon de la chaîne consacre seulement une heure par an pour la lecture. Cela est indiqué par l’étude intitulée «Promouvoir la lecture, urgence et nécessité sur la lecture», réalisée en 2019 par le Conseil économique, social et environnemental (CESE). Il y a aussi le problème de la distribution, un autre acteur important. Le livre marocain se distribue mal et n’arrive pas aux lecteurs. La distribution ne se fait que dans cinq grandes villes : Casablanca, Rabat, Tanger, Agadir et Marrakech.
Il y a aussi le problème de tirage qui est passé de 2.000 exemplaires à 500 seulement. De plus, il y a un vide très important de textes règlementaires consacrés au livre numérique. Et donc, le ministère de tutelle doit se pencher sur ce problème.

En tant que cofondateur d’une maison d’édition numérique, selon vous quelle place occupe actuellement le livre numérique sur le marché ?
Le public marocain ne connaît pas très bien le livre numérique. Nous essayons d’effectuer un travail pédagogique pour le faire connaître. On est très en retard par rapport aux autres pays africains. Ils ont au minimum deux maisons d’édition numériques et deux bibliothèques numériques. Les principales publications numériques sont publiées par des instructions et quelques organismes. Au niveau des productions littéraires, ça n’existait pas avant. On est les premiers à éditer les livres numériques à des normes internationales. Nous avons signé des partenariats avec des maisons d’édition pour l’édition numérique de certains de leurs ouvrages, à savoir «Le fennec» et «Tarek éditions ». Nous souhaitons développer ce type de partenariat, d’une part, pour créer une synergie avec les éditeurs du livre papier et, d’autre part, pour donner une deuxième vie à des œuvres éditées au début de l’activité des éditeurs papiers.

Le Manifeste, première maison d’édition spécialisée en édition numérique

La maison d’édition Le Manifeste créée en juillet 2018, est le seul éditeur à être spécialisé dans le livre numérique au Maroc. Elle est également une librairie en ligne. Les publications de la maison ainsi que celles des partenaires sont commercialisées sur la librairie en ligne. La maison a développé des partenariats avec des bibliothèques numériques de renom pour les commercialiser au Maroc. Elle a créé un prix littéraire intitulé «Prix Massina des Jeunes Auteurs».