Culture

Le Malhoun menacé de disparition

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Revenir à une tradition en voie de désagrégation. Telle était la raison de la tenue, du 1er au 3 avril dernier dans la ville de Fès, de la troisième édition du Festival du Malhoun. Organisée par l’association Fès Saïss et la mairie de la ville, avec le soutien du ministère de la Culture, cette édition a été placée sous le thème «L’art du Malhoun: authenticité et modernité ».
Une manifestation qui a tenté de rendre hommage à un art de création populaire marocaine par excellence, dont les racines sont à chercher dans la région du Tafilalet, dans le 16ème siècle. Art rayonnant de par le passé, le Malhoun se perd peu à peu, par méconnaissance ou ignorance. Défini comme étant la qacida du Zajal, le Malhoun a été à l’origine de la création d’un vaste mouvement intellectuel fondé sur la liberté de la pensée et du propos à travers laquelle des sujets divers et tabous étaient traités sur la base du verbe anodin. Mais l’aura de cet art n’est plus ce qu’elle était.
Son champ à la fois d’exercice et de diffusion se réduit comme une véritable peau de chagrin. Absent de la littérature musicologique en raison de l’utilisation des phrases où se mêlent l’arabe classique vulgarisé et le dialecte marocain, le Malhoun n’a pas eu d’impact sur les études musicologiques. Les manuscrits rares et difficiles à compiler n’ont pas aidé à le préserver de la mémoire de l’oubli. C’était justement le thème d’une table ronde organisée dans le cadre de ce festival. Une rencontre axée sur «La problématique d’archivage et de transcription des textes du Malhoun ». Intervenant à cette occasion, Abbas Jirari, conseiller de S.M Mohammed VI, a souligné les efforts déployés depuis la fin des années 60 pour l’intégration des études relatives à la littérature de la poésie populaire au cursus universitaire indiquant qu’à l’époque, seule l’université de Fès abritait un département chargé de la langue arabe et ses littératures.
Se félicitant de la création, au sein de la faculté des lettres de Fès, d’une unité de formation et de recherche (UFR) sur la poésie et la musique, M. Jirari a mis l’accent sur l’importance de la transcription et de l’archivage de cet art ancestral. Dans ce cadre, il a fait état de « la nécessité de l’élaboration d’une carte qui met en relief les régions où s’est développé le Malhoun, les chioukhs, les mounchidins et toutes les informations concernant cet art», indiquant qu’en principe il n’y a aucune difficulté pour reconnaître le poète, du fait que celui-ci mentionne son nom dans son poème ainsi que la date de l’écriture. Evoquant la difficulté de la transcription du dialecte oral (à l’écrit), M. Jirari a appelé toutes les potentialités concernées à la mise en place d’une méthodologie commune et universelle pour l’enregistrement de la poésie du Malhoun. La préservation de ce patrimoine national étant une nécessité d’une extrême urgence, de nombreuses associations locales du Malhoun sont créées ou en voie création. De quoi rendre à cet art 100% marocain ses titres de noblesse.

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