On dit que le romarin apaise les nerfs, stimule le fonctionnement de la vésicule biliaire, améliore les processus digestifs et combat les douleurs musculaires. Il est aussi utilisé en tisanes contre les indigestions et digestions difficiles, les grippes, pour combattre les affections du foie, et le manque d’appétit. Il sert aussi parfumerie depuis belle lurette. Mais la culture du romarin est aussi génératrice de revenus pour les populations de certaines régions faibles en pluviométrie. C’est le cas de l’Oriental. Sa culture est de plus en plus prisée vu son attrait pécuniaire, mais nécessite un travail en aval pour rationaliser et optimiser son exploitation. Ce n’est pas le cas en dépit de quelques expériences isolées initiées par certaines coopératives ou organismes. Le secteur souffre également d’un circuit commercial désordonné, de l’instabilité des productions et de l’ancienneté des techniques utilisées «récolte et distillation».
Aussi faut-il s’ouvrir sur des marchés internationaux pour améliorer la production et développer une filière en quête de certification et de reconnaissance pour la qualité de son produit. La certification biologique et l’appellation d’origine à l’instar du romarin de Zkara ou de Talsinte entre autres sont des conditions sine qua non pour assurer une valeur ajoutée à un secteur à fort potentiel économique.
Une tonne de romarin sous forme de biomasse ou de feuilles séchées est vendue à 350 DH et produit entre 22 et 25 litres de romarin. Les prix de vente par litre d’huile distillée varient entre 200 et 250 DH le litre en gros et oscille entre 400 et 800 DH le litre en détail. Un flacon de 60 millilitres est vendu dans la coopérative de Zkara à 30 DH et dans les boutiques spécialisées en cosmétique à plus de 75 DH. Quant à l’adjudication elle est payée par lot, ainsi la coopérative de Zkara exploite une superficie de 20.300 ha pour 65 000 DH l’an quelle verse aux Eaux et Forêts.
L’essence du romarin est obtenue par la distillation des branches, sans leurs fleurs. Elle contient du bornéol (3%), du cinéol (52%), du camphène (4%), du pinène (18%) et du camphre (8%). Ce qui lui permet d’entrer dans la composition de parfums masculins et des eaux de Cologne ; selon une étude de l’INRA d’Oujda. Le travail sur le romarin est un choix orienté par les institutions régionales et les partenaires du secteur privé, les coopératives et les représentants de la population civile. Ce qui est important c’est de savoir passer d’une logique de production à une logique du marché explique à ALM Aboubakr El Asri, responsable de la communication et de la sensibilisation à la CHEMONICS. Le développement de la filière est tributaire de son intervention sur tous les maillons de la chaîne : organisation de la production pour répondre aux exigences de qualité et de consistance, intégration de la filière dans un réseau de distribution optimalisée, transformation des plantes qui existent à l’état sauvage par une cueillette idéale et distillée avec un équipement répondant aux critères de propreté et de qualité. Pour avoir un produit de qualité propre à la consommation et avec une valeur ajoutée propre au terroir des plantations. C’est toute la logistique de transport, de stockage, d’emballage et les activités connexes qui vont avec. Il y a aussi l’environnement réglementaire à l’instar de la nouvelle loi sur l’appellation d’origine contrôlée qui vient de voir le jour et qui facilite l’identification d’une identité géographique et qui lui donne un label de marque tel le romarin de l’Oriental par exemple. Cela correspond à un label de qualité qui sera plus apprécié.
Le secteur se base sur des plantes naturelles mais quand on parle de filières stables et durables il faut rationaliser la production et ne pas dépendre des aléas du climat. Le spontané peut engendrer des difficultés d’approvisionnent et par conséquent porter préjudice à tous les efforts de l’ensemble des acteurs intervenants dans le secteur. D’où l’importance d’investir et de moderniser les plantations pour répondre à toutes la demande. Des cultures cultivées pour maîtriser la quantité et la qualité. C’est ce qu’a entrepris Saïd Adel qui s’active dans les domaines de la génération des plants pour assurer l’approvisionnement continu.
Selon les services de la Direction régionale des Eaux et Forêts de l’Oriental la cession du droit de récolte du romarin se fait par adjudication annuelle, par appel d’offres ou par marché de gré à gré. Ces ventes sont organisées par le département des Eaux et Forêts qui détermine les lots à mettre en vente et fixe leur consistance ainsi que la quantité de biomasse verte présumée réalisable.
La vente du romarin se fait en bloc sans garantie pour la quantité de biomasse estimée, ni la contenance ou l’âge et de la qualité. Le bénéficiaire d’un ou de plusieurs lots de romarin ne reçoit le permis d’exploitation qu’après avoir payé toutes les taxes conformément à la réglementation en vigueur, et le permis d’enlever qu’après s’être acquitté de toutes les redevances de l’Etat. Pour le romarin situé en terrains collectifs, la cession est faite par appel d’offres et intéresse la récolte sur trois années successives.
La période d’exploitation des lots dure huit mois, du début d’avril jusqu’à la mi novembre et cède la place à la régénération des nappes. Quant à une meilleure coupe, elle exige de ne pas cultiver plus du tiers de l’arbuste.