Culture

Le Phare de Casablanca reprend des couleurs

© D.R

Mouvement inhabituel autour du Phare d’El Hank, en ce mémorable samedi 16 juillet 2005, à 15 heures. Surplombant la corniche de Casablanca, ce Phare s’est transformé, un après-midi d’une journée non ouvrable, en un haut-lieu de pèlerinage. Un parking de fortune avait été déjà aménagé à son entrée, un passage clouté également. Du haut de sa tourelle, dévalait une toile géante. Un «maquillage» aux couleurs chaudes et chatoyantes devait drainer de loin les plagistes et autres habitués de la corniche. Arrivé sur place, le commun des curieux ne tarde pas à percer le secret. Une grande affiche annonce la couleur : «Intervention artistique sur le Phare de Casablanca». Une fresque, reproduite sur près de 900 mètres, recouvre le Phare. Elle donne à voir des dessins dévoilant l’intérieur de l’édifice : lampe, antenne, escalier, sirène, pinceaux lumineux…
Au pied de la tour, des spécialistes de la sono s’affairent. Y aurait-il un concert de musique ? «Il s’agit seulement de play-back», balance un ingénieur de son, le visage illuminé d’un large sourire, en guise d’accueil. Dans le silence sidéral de ce haut-lieu maritime, la musique résonne comme un souhait de bienvenue aux visiteurs. Autre signe convivial, le gardien du Phare, se tenant sur un pied ferme à la porte, nous fit signe d’entrer. «Il faut être un Sysyphe pour gravir les 260 marches que compte la tour», lançe un riverain, le regard ironique.
Nous voilà au bout de la tourelle, «à bout de souffle», lâche un compagnon de route, d’un ton haché. Qu’à cela ne tienne, ce coup de fatigue valait la peine. Une fois sur la tourelle, la brise marine venait flatter les narines, le regard émerveillé également de voir, d’en haut, s’étaler à perte de vue ce long tapis bleu de l’Atlantique et ces mille et une richesses que recèle Casablanca. Le Phare de la métropole, construit en 1914, mis en œuvre en 1920, veille toujours au grain. Ville moderne, la mégalopole peut s’estimer fière de posséder un espace chargé de mémoire. L’intervention artistique, que ce monument-document a subie de la part d’une pléiade d’artistes, chapeautée par le plasticien Mohamed Abouelouakar, constitue l’événement-phare du 1er Festival de Casablanca. Par cette intervention, il s’agit de réhabiliter ce lieu d’histoire. En effet, ce Phare, dont la construction remonte au début du protectorat, reste un témoignage vivant de l’évolution de la plus grande ville du Royaume. Symbole maritime, ce Phare facilitait le flux maritime que connaissait le port de Casablanca, lequel a d’ailleurs joué un rôle de premier plan dans l’essor économique de la métropole, et plus globalement de tout le Maroc. Situé sur un point stratégique, ce Phare devait également servir de base-arrière à la lutte contre les invasions étrangères. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce Phare était entouré de forteresses militaires, dont une caserne de la Marine Royale.
Les traces de cette activité militaire sont encore là : carcasses de canons, pièces d’artillerie, tourelles où des vigiles montaient la garde, garnison et autres dépôts d’armes témoignent du passé militaire de ce point névralgique de la ville. Ce sont là des vestiges que, malheureusement, rien n’a été fait pour les retaper.
Les lieux avoisinant ce monument ont d’ailleurs été défigurés par le «soin» de quelques riverains, au point que ce lieu de mémoire se découvre actuellement le «visage» d’un campement de fortune. D’où l’importance de l’opération de lifting que vient d’effectuer une poignée d’artistes sur cet édifice, avec l’Association Manar El Hank. Si son objectif est purement esthétique, cette initiative vient surtout sonner la mobilisation pour réhabiliter un espace à forte teneur historique. Moralité : Si Casablanca est aujourd’hui associée à tous les symboles de modernité, il ne faut pas oublier que cette ville est également porteuse de mémoire.

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