Culture

Le plus beau livre sur le Maroc

© D.R

Une photo du “Maroc“ a fait la Une de l’édition du week-end du “New-York Times“. Tous les grands médias internationaux ont salué le livre à sa parution. Les principaux éditeurs marocains le connaissent, parce qu’ils le voient à chaque occasion, fièrement présenté dans le stand des éditions Rizzoli. Elles ont raison de le mettre en évidence lors des grands rendez-vous. C’est un objet magnifique, une oeuvre d’art qui communique à chaque page un enchantement renouvelé. Un Maroc esthétisé à l’extrême, mais où le souci de faire beau se maintient dans un no man’s land pour que le beau n’entraîne pas vers les rivages lisses des cartes postales. Esthétisé à l’extrême, le livre comprend néanmoins ce grain de sable qui singularise le regard de son auteur. Le nom de ce dernier suffit à faire le succès de n’importe quelle photographie. Il a légué quelques classiques de la photo. La célèbre photo d’Alfred Hitchcock tenant un canard plumé et portant au cou un papillon, c’est lui. Albert Watson a fait une entrée fracassante dans le monde de la photo grâce à un livre, devenu un classique du genre : “Cyclops“. Il y a immortalisé dans des positions insolites des artistes aussi célèbres que Cyndy Sherman, Jef Koons, Sade, Eric Clapton, Diana Ross, Louise Bourgeois ou Jack Nicholson. Dans “Cyclops“, il existe de nombreuses photographies de Marrakech. Preuve que l’artiste connaissait bien notre pays avant la sortie du “Maroc“ en 1998. Qu’est-ce qui a conduit un photographe, adulé dans le monde entier, à fixer des scènes de Marrakech ? Difficile d’avoir une réponse. Toujours est-il qu’Albert Watson a lié des amitiés dans notre pays. Et que la valeur de son oeuvre n’était pas un mystère pour certaines personnes. Nombre d’entre elles auraient encouragé l’artiste à réaliser le livre de photographies, sobrement intitulé “Maroc“. Au frontispice de ce magnifique livre, un portrait de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, alors Prince héritier. Le livre comprend aussi un portrait de SAR la Princesse Lalla Mériem et un troisième du conseiller de SM le Roi, M. André Azoulay. Le “Maroc“ est également constitué de portraits de petites gens, des gens du peuple vaquant à des occupations quotidiennes. Des hommes et des femmes rencontrés dans les champs. Des montagnards farouches au regard indomptable. Des dunes du Sahara. Des animaux empaillés. L’entrée d’une rue à Essaouira la nuit… De nombreuses facettes du Maroc sont données à voir dans ce livre. Albert Watson ne s’exprime toutefois jamais avec autant de souveraineté que dans le portrait. Ses portraits ne sont jamais anonymes. Chaque personne portraiturée est accompagnée d’une légende en arabe, mentionnant son nom et sa qualité. Toutes les légendes sont inscrites en bas du support à l’aide d’une écriture fine, typiquement marocaine. Dans les portraits du “Maroc“, Albert Watson ne cherche pas à cacher son émotion. Il n’observe pas de distance avec son vis-à-vis. Il le baigne souvent dans une lumière dramatisante qui incline le spectateur à penser qu’il est en face d’un moment rare et privilégié. Une lumière d’ambiance caractérise à cet égard la plupart des oeuvres de l’artiste. En plus, le faire de ce photographe se caractérise par un souci du détail. Les poils d’une barbe naissante sont hérissés comme des piquants chez tel spectateur. Une terre caillouteuse révèle avec netteté l’assemblage des pierres qui la composent. Le travail de Watson intègre plusieurs techniques, comme l’impression de l’objet photographié sur un parchemin ou un support, qui a déjà subi un traitement. Les oeuvres participant de cet esprit sont généralement en couleurs, alors que la majorité des portraits sont en noir et blanc. En feuilletant ce livre, les personnes les mieux averties ne peuvent se retenir de s’exclamer : “c’est le plus beau livre de photographie sur le Maroc !“ Pourquoi est-il passé inaperçu ici, alors qu’on lui a fait un feu d’artifice un peu partout au monde ? Pourquoi son éditeur n’a pas pensé à le commercialiser chez nous ? Interrogée à ce sujet, une libraire, spécialisée dans la vente des beaux livres, précise que les éditions Rizzoli ne s’intéressent pas au petit marché marocain. Et c’est ainsi que le plus beau livre de photographie sur le Maroc donne à voir partout notre pays, sauf ici.

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