Culture

Le soufisme, substrat de notre culture

© D.R

ALM : Pouvez-vous retracer la genèse du texte ?
Edmond Amran El Maleh : Le texte est inédit sans être récent. Il a traversé de nombreuses tribulations qui se sont terminées, fort heureusement, par sa publication. Je suis heureux que les éditions Eddif aient accepté de le publier. Ce texte est le fruit des séjours fréquents que j’ai faits à Marrakech. En particulier chez la famille Samracandi, dont si Alami-père est le fondateur de l’amicale Al Jazûlia. Si Alami Samracandi est l’initiateur de nombreuses fêtes spirituelles qui se distinguaient par leur extrême profondeur. J’étais toujours imprégné par le quartier et les activités qui s’y déroulaient.
Qu’est-ce qui a provoqué le déclic portant à l’écriture du texte ?
Un soir, les aveugles de Jemaâ El Fna sont venus réciter Dalaïl El Khaïrat, et ça a été un moment d’émotion intense ! Je peux dire que cette soirée a joué l’effet d’un catalyseur, mais j’étais déjà sensible à la poésie de ce quartier et pénétré par son intense spiritualité. Dans ce cercle où nous nous réunissions, il y avait Moulay Ahmed Ben Smaël, le photographe dont j’ai parlé dans l’un de mes anciens livres : “Le Retour d’Abou El Hakaï“. Entre nous deux, il existe une amitié profonde… Quand j’ai vu les photos de Moulay Ahmed Ben Smaël, ça a été un choc ! Il ne faut pas croire que mon texte est antérieur aux photographies. Moulay Ahmed Ben Smaël ne m’illustre pas, puisque c’est mon texte qui est bâti en fonction de ses photos. Je tiens à lui rendre un hommage particulier. Sans son travail, mon émotion ne se serait pas concrétisée par un écrit.
N’avez-vous pas cherché à «écrire un texte sur Al Jazûli ?
Je ne voulais pas faire un texte sur Al Jazûli. J’en suis d’ailleurs incapable, puisque je ne suis pas spécialiste. Je ne suis pas non plus suffisamment introduit en langue arabe pour pouvoir lire Al Jazûli et bâtir un récit autour de son texte. J’ai appréhendé les pierres du quartier comme symbole de la spiritualité sans pour autant entrer dans le corps de la doctrine. Mais je respirais, si l’on veut, l’ambiance. Et là, il s’est produit ce que j’ai souvent souligné : entre la mystique et la poésie, il existe une osmose. Elle a trouvé l’une de ses formes d’expression dans ce quartier. La spiritualité s’est logée dans cet espace du dénuement, de la pauvreté et de l’ascétisme. J’ai été saisi par la conjonction de la poésie et de la spiritualité, et j’ai écrit avec prudence mon texte. Il existe peut-être sur l’histoire d’Al Jazûli une ou deux affirmations qui peuvent être contestées, mais ce n’est pas ce qui m’a préoccupé.
Qu’est-ce qui vous a préoccupé?
J’ai voulu capter un climat. Et à la réflexion, il y a deux choses à souligner. D’abord, un message de l’authenticité de Marrakech qui ne passe pas par l’exotisme, l’exploitation touristique, la mode, l’emballement. En somme, je m’inscris en faux contre tout ce qui participe à façonner cette réputation – disons-le frelatée – de Marrakech. L’autre Marrakech, le vrai Marrakech existe également. Je ne dis pas qu’il est le seul, mais il est là. La deuxième chose que je voulais souligner, c’est que je n’aurai pas l’impudence de dire que je suis moi-même soufi. Il n’est pas question de ce genre d’affirmations, mais je pense que l’une des vérités profondes du substrat de la culture marocaine, c’est le soufisme. Il se concrétise entre autres dans l’oeuvre d’Al Jazûli. Il suffit de se référer aux écrits de Halima Ferhat ou Ahmed Taoufiq pour en être persuadé. Je suis sensible à cette vérité : le soufisme est un fondement populaire de l’histoire du Maroc. Et c’est ce que je me suis attaché à dire dans ce livre.

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