«Le stress est clairement lié au nombre de visiteurs», explique lundi un gardien du musée du Louvre sous couvert de l’anonymat, puisque ce fonctionnaire n’a en principe pas le droit de s’exprimer.
«Ce qui est pénible, c’est le brouhaha de la foule, surtout dans les salles les plus visitées, celles de la Joconde, la Vénus de Milo, ou Michel Ange. Et le pire, ce sont les dimanches gratuits: 65.000 visiteurs en un jour, c’est insupportable et peut-être même dangereux», souligne-t-il dans la grande galerie qui mène à la salle de la Joconde. Dans le sanctuaire, la foule se presse autour des barrières de bois entourant le plus célèbre portrait du monde. Deux agents de sécurité sont postés près de cette barrière. «Dans ce pavillon du musée, Denon, les flashs sont interdits mais permis dans les autres. Alors on passe la journée à expliquer que c’est interdit, et à la fin de la journée, on pète les plombs, parfois», explique une gardienne.
D’autant que les visiteurs, frustrés de ne pas pouvoir mitrailler au flash l’implacable sourire, peuvent devenir agressifs, d’après elle. Sans compter les incidents parfois violents, même s’ils sont rares: «Un type a essayé de fracasser la vitre qui protège la Joconde avec un poteau et a agressé la gardienne qui essayait de l’en empêcher», raconte le gardien de la grande galerie.
Mais tout n’est pas noir dans la vie des agents du Louvre. «J’ai étudié aux Beaux-Arts. Gardien ici, je suis fonctionnaire, c’est la sécurité de l’emploi. Et puis, on change souvent de district ça donne le temps de découvrir les oeuvres», explique cet esthète.
Les deux agents comprennent la grève , qui mobilise selon les syndicats un tiers des quelque 180 agents postés du Louvre. Certaines catégories ont, en effet, eu droit à une augmentation de prime, mais pas les agents postés dans les salles, faisant naître un sentiment d’injustice.