Le thé n’est pas une simple boisson pour les Sahraouis mais bien plus. Il s’agit en fait d’un rituel qui symbolise l’unité de la famille sahraouie. Les populations locales se retrouvent dans une ambiance conviviale autour du thé pour renforcer leurs liens familiaux et amicaux. Cette réunion autour de la tiédeur de ce verre, traduit quelques facettes du patrimoine socioculturel propre aux habitants du Sahara marocain, conservé et perpétué de génération en génération. Ces traditions font, que servir le thé, constituent un rituel spécial, dont la préparation peut intervenir à tout moment de la journée. Aucune soirée de distraction ne peut être envisagée sans le thé et le cérémonial qui accompagne sa préparation. En effet, les dernières nouvelles et les affaires de la vie courante sont discutées autour d’un verre de thé. Ces mêmes traditions imposent que le thé sahraoui doit impérativement intégrer « la théorie des trois J ». Le premier « J » Jamaâ signifie un groupe de personnes. Ce premier composant exige de servir le thé lorsque l’on se trouve en groupe et plus il y en a et mieux c’est. Ce groupe passe le temps en buvant du thé et en abordant les sujets de la vie quotidienne. Le deuxième « J » correspond au « Jarr », qui signifie le prolongement. Ce deuxième élément veut que la préparation du thé soit longue. Cela laisse à l’assemblée assez de temps pour traiter de diverses questions socio-économiques en toute quiétude et sans le moindre stress. Le troisième « J » correspond au « Jamr », qui n’est que charbon allumé, et qui fait que le feu traditionnel au charbon doit être utilisé pour la préparation du thé, ce qui lui donne toute sa saveur. Dans les provinces sahariennes, le thé est un produit de première nécessité. Elle constitue la boisson qui prédomine l’animation nocturne à l’intérieur des foyers. Le thé est présent dans toutes les maisons et les tentes. Les Sahraouis affichent un profond respect à leurs coutumes et traditions y compris servir le thé aux hôtes. Ce qui constitue une marque d’hospitalité et de bienvenue. C’est pour cette raison que les Sahraouis ont toujours fait en sorte de disposer du thé , quitte à échanger une ou plusieurs têtes de bétail contre des sacs de thé et de sucre. «Pour nous, servir du thé est un art qui réunit tous les éléments esthétiques. Le thé n’est pas un luxe mais une nécessité», explique à ALM Mohamed Lamin Yara, un cheikh sahraoui. Dans les provinces du sud, le préparateur de cette boisson princière est appelé « Al qayam », qui est sélectionné parmi les membres de la communauté sur la base de plusieurs critères dont l’éloquence, la maîtrise de la lecture et de la poésie, la noblesse et la largesse d’esprit. L’attribution de la préparation du thé à un membre de l’assemblée est considérée davantage comme un plaisir et un honneur conféré qu’une corvée à subir. Souvent, ce sont les hommes qui préparent le thé pour leur plaisir personnel. Cela dit, rien n’empêche les femmes de le faire surtout lors des grandes occasions familiales ou religieuses. Le préparateur du thé doit toujours veiller à faire en sorte d’éviter un mauvais maniement des ustensiles, à la présentation de verres non bouillis, le manque de propreté du plateau de thé ainsi que le défaut de communication. L’ensemble des personnes assistant à la cérémonie du thé passe leur temps à observer Al qayam. Lorsque le thé est d’excellente qualité, les verres vides sont lancés en direction de « Al qayam » en reconnaissance de la qualité de sa préparation de thé et prononcent des compliments.
Dans la tradition culinaire de cette région, le thé doit être consommé après chaque repas. Selon certains Sahraouis, le thé joue un rôle important pour la digestion. Parmi les autres vertus du thé, il y a également le fait qu’il lutte contre les principaux facteurs de vieillissement et les maladies cardio-vasculaires. D’ailleurs, certaines personnes ont la conviction, que le thé et la viande du dromadaire sont à l’origine de la bonne santé dont jouissent les Sahraouis. Au Sahara, il faut se plier à l’invitation à la traditionnelle cérémonie du thé. «On sert trois tours de thé dans de minuscules verres. Le thé sahraoui est un peu forcé, corsé et sucré», révèle Fatima, une sahraouie d’origine.